Lucario et le mystère de Mew est l'ultime film dont les droits d'adaptation étaient détenus par 4Kids!. Pour cette ultime collaboration à la franchise au cinéma (alléluia !), 4Kids! fut globalement respectueux de la version japonaise à ceci près qu'il charcuta le format de projection du film, car le long métrage fut diffusé en 4/3 directement à la télévision et en vidéo. La chanson du générique final fut également remplacée par une autre totalement différente et en anglais. En version anglaise, c'est également l'ultime occasion d'entendre les comédiens américains d'origine, puisqu'ils furent remplacés lorsque Pokémon USA effectua l'adaptation des films suivant, ainsi que de la série télévisée. Le film n'est pas doublé au Québec.
En France, le très gros succès rencontré par la série télévisée conduit France Télévisions à récupérer les droits d'adaptation en français des longs métrages. Beaucoup plus respectueux que TF1, France Télévisions a fait appel aux mêmes adaptateurs et comédiens, donnant le sentiment d'un profonds respect pour les fans de la franchise. Malgré tout, France Télévisions du faire avec le disgracieux recadrage de 4Kids! sur ses DVD commercialisés à partir du 9 avril 2008. Notons que le doublage du long métrage ayant été effectué longtemps après celui de la série animée, Philippe Tasquin reprend le rôle de Miaouss, et ceci même si Nessym Guetat est présent tout au long de la saison 8 (le long métrage se situant quelque part au milieu de cette saison). Ce dernier avait abandonné le rôle au tout début de la saison 9, Philippe Tasquin l'ayant donc remplacé depuis lors, et avait donc naturellement repris ce même rôle pour le doublage de ce film.
La légende dit qu'autrefois Aaron, l'Aura Gardien, aidé de son Pokémon Lucario, réussit à arrêter une terrible guerre. Au Palais Cameran, les habitants organisent chaque année un tournoi Pokémon pour le célébrer. Sacha y participe et gagne, obtenant ainsi le titre d'Aura Gardien. Mais le Pokémon légendaire Mew apparaît alors et kidnappe Pikachu ! Lucario fait irruption et emmène Sacha et ses amis dans un périple à destination du mystérieux Arbre des Origines...
En lisant cette analyse vous allez devoir consentir que je serais difficilement objectif avec ce long métrage d'animation Pokémon. Ceci en raison de la présence de Mew, mon personnage favori de cet univers et qui est depuis toujours l'emblème majeur de mon site (et ceci même pendant sa période exclusivement Disney pendant près de 11 ans entre 2002 et 2012). C'est même avec son effigie que je signe l'intégralité de mes analyses, et au-delà, sur tous les forums que je peux fréquenter. Du coup, comme il est la vedette principale de Lucario et le mystère de Mew, dans un vrai rôle actif contrairement au premier film de la franchise où il n'était que figuratif, je ne peux que saluer son retour dans un long métrage qui lui est entièrement dédié. Je n'émettrai d'ailleurs de ce film qu'un unique reproche : reconnaissons que le scénario de ce long métrage est sans aucun doute le plus énigmatique de tous. Tout du moins pour qui ne cherche pas à creuser un peu !
La période Advanced Generation est sans aucun doute celle qui a peu à peu amené la licence vers son apothéose cinématographique. C'était aussi la seule et unique période ayant permis de révéler en exclusivité de nombreux pokémons inédits, alors que notre aire actuelle du tout connecté organise méticuleusement des fausses-fuites éventant en un claquement de doigt tout l'intérêt de l'opération. C'est ainsi la seule génération dont trois des quatre longs métrages font intervenir des pokémons de la génération suivante, une exception jamais égalée depuis lors. Lucario et le mystère de Mew est même le plus généreux d'entre eux, puisqu'il en contient précisément cinq : Lucario qui partage l'écran avec Mew, Dimoret, Manzaï, Mime Jr et Goinfrex. Comble de l'intronisation, Lucario y est même propulsé en tant que vedette majeure, alors qu'il n'est même pas un légendaire. Pourquoi et comment, je n'en connais pas la raison officielle, il n'empêche que l'on peut raisonnablement supposer que l'indiscutable charisme de Lucario y est pour beaucoup. Dans le coeur du public, une fois le film visionné, Lucario va même se ranger immédiatement au côté de Mewtwo, dont il partage quelques points commun de personnalité. Lucario est lui-aussi un être brisé, car un homme a dans le passé trahit sa confiance et ses convictions. Indiscutablement, Lucario est un personnage intéressant à la personnalité vraiment fouillée.
Pour son second retour sur grand écran, Mew quand à lui n'est pas non plus négligé pour autant. Mais avant d'en parler, revenons un peu sur l'histoire de ce pokémon. Il revient ainsi de loin puisqu'il n'existait tout simplement pas à l'origine, il n'était pas du tout prévu qu'il soit le 151e pokémon dans les premiers jeux. Il fut intégré secrètement au code source du jeu Pokémon Rouge/Vert en 1995 par le programmeur Shigeki Morimoto, comme une sorte de blague interne. Cependant, au détour de divers bugs rencontré par les joueurs, le pokémon finit par faire occasionnellement son apparition sur l'écran monochrome de leur GameBoy. Des rumeurs sur l'existence d'un pokémon caché se répandent alors comme une traînée de poudre. Les rumeurs sur Mew en font d'abord un mythe populaire, suivi par des astuces farfelues permettant de le capturer (oui, j'ai cru aussi qu'on pouvait pousser le camion de Carmin-sur-Mer...).
Mais c'est lorsque Satoshi Tajiri décide de le dévoiler publiquement - à la surprise générale pour l'équipe GameFreak - que Mew devient immédiatement une légende. Dès lors, l'engouement pour la franchise devient virale, tout le monde veut désormais posséder en exclusivité ce pokémon rarissime, distribué de manière confidentielle. Les ventes de Pokémon Rouge/Vert explosent immédiatement, la saga vient désormais de naître véritablement. Dès ce moment où Mew est officialisé, il devient nécessaire de lui créer une histoire mythologique. Partant du fait qu'il est capable d'apprendre toutes les attaques du jeu (une simplification de programmation voulue par Shigeki Morimoto) et qu'il possède des statistiques parfaitement équilibré, on décide donc d'en faire... l'ancêtre de tous les pokémons.
Pour le premier long métrage Mewtwo contre-attaque, la mythologie de Mew n'était qu'à peine esquissée, car c'était sur son clone Mewtwo que reposait tout le scénario. Pour les besoins de Lucario et le mystère de Mew, l'équipe de Pikachu the Movie décide donc d'explorer les origines de ce légendaire et d'en fixer une fois pour toute sa mythologie. Elle décide donc d'associer l'histoire de Mew à... la mythologie scandinave ! Le long métrage est ainsi basé en grande partie sur la légende d'Yggdrasil, l'arbre mythique à l'origine du monde mais également sur Ragnarök, qui en est son exact opposé puis-qu'annonçant la fin du monde. C'est précisément là dessus que commence Lucario et le mystère de Mew, une bataille finale entre humains et pokémons très loin dans le passé, qui va conduire à un renouveau, à la renaissance du monde. Des centaines d'années plus tard Sacha, Flora, Pierre et Max vont à leur tour être impliqué malgré eux, et sans préméditation aucune, déclencher une nouvelle apocalypse. Trois golems (Regice, Registeel et Regirock ouvertement inspirés des trois Nornes de la mythologie nordique) vont alors tenter de s'interposer pour rétablir l'équilibre.
Au niveau de l'animation, Lucario et le mystère de Mew fait un sacré bon en avant dans la franchise. L'animation 2D y est irréprochable tout au long des 1h41 que dure le film. Par contre, le long métrage abuse un peu de technique d'animation assisté par ordinateur qui a un peu de peine à convaincre aujourd'hui, même si elle reste d'assez bonne facture contrairement à son utilisation dans le long métrage suivant. Pour appuyer d'autant plus sa relation avec la mythologie nordique, Lucario et le mystère de Mew joue à fond la carte de l'héroic fantasy, ce qui convient à merveille au récit. Le film offre aussi une très belle représentation du Château de Neuschwanstein, le plus visité et le plus célèbre d'Allemagne. Le film nous propose des décors riches et inspirés, que l'on soit dans la salle de bal, la salle du Trône ou même un très banal grenier. Par contre, le design de l'arbre du monde nous évoque plutôt le long métrage Le château dans le ciel du studio Ghibli, ce qui ne serait pas si surprenant dans la mesure où plusieurs longs métrages Pokémon se sont déjà inspirés des oeuvres de Miyazaki. On ressent qu'il y a des fans du maître parmi les membres de l'équipe de Pikachu the Movie.
Lucario et le mystère de Mew est le premier long métrage de la saga qui évoque ouvertement la mort des êtres humains, le second après Les héros pour ce qui concerne les pokémons. Les propos y sont durs et secs, le film allant même jusqu'à sacrifier littéralement plusieurs personnages principaux à un moment décisif du film, offrant par la même un intense moment d'émotion qui risque fatalement de chagriner le très jeune public. Évidemment, saga Pokémon oblige, tout ceci trouve une fin relativement heureuse, mais le long métrage en profite aussi pour glisser des notions d'après-vie très inhabituelle dans la franchise. Preuve que le film a été conçu de manière à être aussi « parlant » pour un public adulte. Au niveau de l'ambiance sonore, Lucario et le mystère de Mew s'offre de très belles symphonies que l'on ne retient pas vraiment (elles se contentent d'appuyer ce qui se passe à l'écran), à la seule exception du thème principal tout simplement magnifique.
En fin de compte, Pikachu the Movie nous convie dans une nouvelle pépite cinématrographique de la saga Pokémon définitivement dans sa période ascendante. Les scénaristes ne nous prennent pas pour des gamins pré-pubères qui ne cherchent pas qu'à voir leurs personnages favoris portés à l'écran. Ils préfèrent au contraire nous lancer dans une profonde réflexion sur la vie, l'amour, le sacrifice et la mort. Le long métrage offre une place de choix à l'inoubliable Lucario, et n'hésite pas non plus à bousculer violemment Sacha de son piédestal, qui subit pour la première fois de sa vie une vrai leçon de vie. Et au passage, Mew atteint enfin la consécration cinématographique qui lui manquait tant !
Olivier J.H. Kosinski - 14 novembre 2014
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09 avril 2008
DVD Plus de détails
Doublage (France - 2008)
Sacha : Aurélien Ringelheim
Pierre : Antoni Lo Presti
Flora : Maïa Baran
Max : Guylaine Gibert
Jessy : Catherine Conet
James : David Manet
Miaouss : Philippe Tasquin
Pikachu : Ikue Ohtani
Narrateur : Daniel Nicodème
Sources :
LesGrandsClassiques.fr