Pokémon Ranger et le temple des mers n'est sorti en vidéo qu'en France le 18 juin 2008. Au Etats-Unis, ce film marque une rupture nette, car Pokemon USA a désormais repris la main sur la franchise au détriment de 4Kids! qui l'avait considérablement dénaturée. Mais cette petite victoire sur le pokémonde s'est accompagné d'un revers de taille, aucun des comédiens habituels ne reprirent leurs rôles. Alors qu'un temps les fans français tremblèrent à l'idée qu'il se passe la même chose pour la version française, il n'en fut finalement rien.
Les films, et plus particulièrement la série, ont toujours été un matériel promotionnel pour les jeux-vidéo Pokémon. Pokémon Ranger et le temple des mers ne déroge donc pas à la règle en présentant des pokémons inédits de la génération suivante : Pijako, Musteboué, Babimanta et bien entendu Manaphy au centre de l'intrigue. Le film innove également en faisant une publicité ouverte à un tout nouveau jeu vidéo sorti sur Nintendo DS quelques mois plus tôt Pokémon Ranger. Il reprend d'ailleurs en partie la séquence de l'oeuf présente dans le jeu.
La légende dit qu'autrefois Aaron, l'Aura Gardien, aidé de son Pokémon Lucario, réussit à arrêter une terrible guerre. Au Palais Cameran, les habitants organisent chaque année un tournoi Pokémon pour le célébrer. Sacha y participe et gagne, obtenant ainsi le titre d'Aura Gardien. Mais le Pokémon légendaire Mew apparaît alors et kidnappe Pikachu ! Lucario fait irruption et emmène Sacha et ses amis dans un périple à destination du mystérieux Arbre des Origines...
Ainsi s'achève une ère, la saga Pokémon atteint ici le point de basculement, à partir de ce long métrage la chute sera peu à peu inexorable. Pokémon Ranger et le temple des mers est sans nul doute le long métrage de tous les possibles pour la licence. Après ce neuvième film, tout va changer, sur la forme comme dans le fonds. Avec le temps et le recul, nous devons également reconnaître que c'est à ce moment précis que la saga a atteint les limites maximales de sa formule. En soit ce film est loin d'être mauvais, loin s'en faut, mais il accuse tout de même un premier coup de mou. En cause : sa durée exceptionnelle de 1h46mn, le record absolu de durée de toute la franchise. Mais grâce à ses bonnes idées, à sa mythologie ingénieuse et à ses personnages, Pokémon Ranger et le temple des mers clôture quand même avec brio l'un des meilleurs - si ce n'est même le meilleur - cycle : Advanced Generation.
Les films et la série télévisée ont toujours été un matériau promotionnel destiné à faire vendre par palette les divers jeux de la saga Pokémon principale. Pokémon Ranger et le temple des mers est toutefois le premier film (et le seul à ce jour) à s'inspirer et à promouvoir un jeu-vidéo dérivé qui a lancé un concept de capture totalement novateur : Pokémon Ranger. Tandis que la nouvelle génération de Pokémon se faisait encore attendre, la GameBoy Advance était désormais sur le déclin. Les joueurs portaient désormais leur attention sur la Nintendo DS et son système de double écrans, dont celui du bas est tactile. Pokémon Ranger fut le premier titre majeur de la saga Pokémon à paraître sur cette console (deux suites lui ont depuis succédé). Il introduisait une toute nouvelle région (Fiore, inédite dans l'animé), de nouveaux personnages (Les rangers Pokémon), une nouvelle méthode de capture (en faisant frénétiquement des cercles autour du pokémon sur l'écran tactile) et, surtout, permettait via une quête annexe de récupérer un oeuf de Manaphy à transmettre ensuite au futur jeux Diamant/Perle. C'était en effet le seul et unique moyen d'obtenir ce Pokémon dans ces jeux. Pokémon Ranger et le temple des mers fut donc un excellent moyen de promouvoir ce pokémon et ce jeu, puisqu'il est sorti au moment le plus propice entre les jeux Pokémon Ranger et le diptyque Diamant/Perle. Tout naturellement, c'est donc Manaphy qui joue l'invité vedette de ce long métrage.
Une chose est assurément certaine : on a tous à un moment ou un autre conspué l'éviction d'Ondine de la série télévisée, puis avons détesté l'arrivée précipitée de Flora (ne mentez pas !) au début de la saison 6. Contre toute attente, sans jamais chercher à la remplacer dans le coeur des fans, Flora est devenu au fil du temps un personnage de plus en plus appréciable. Ce n'était plus une " remplaçante ", encore moins une " rivale " d'Ondine. Non, tout au contraire elle s'est naturellement imposée au fil de l'eau comme un personnage plein d'entrain, débordant de bonne volonté, passant même par un cap difficile de totale remise en question. Bref, peu à peu, Flora est devenu la plus humaine du pokégroupe à ce stade de la série télévisée. Ne lui manquait donc plus qu'une histoire à sa gloire pour asseoir définitivement sa place dans le pokémonde. Pokémon Ranger et le temple des mers est un long métrage qui lui est intégralement dédié. Le cycle Advanced Generation a cela de remarquable d'avoir su réellement développer pour chaque film une histoire propre à un - et un seul - héros humain. Ceci en lieu et place de Sacha devenu une icône bien trop prévisible durant cinq films, jusqu'à être rendu pénible par delà cette époque. Flora est ici au centre de toute l'intrigue, même si, et ce sera mon seul regret, Sacha lui volera la vedette dans les toutes dernières minutes du film. Malgré cela, Flora atteint ici sa consécration cinématographique !
Pour atteindre ce cap, Pikachu the Movie ne lésine pas sur les moyens pour offrir aux spectateurs de Pokémon Ranger et le temple des mers un long métrage extrêmement riche, quitte à en faire un petit peu trop. Si l'on sait que l'équipe du film s'est inspirée des ruines romaines pour imaginer les visuels du temple des mers, c'est surtout du côté des mythologies gravitant autour des civilisations oubliées que les scénaristes ont bâtis leur propre histoire. On pense d'ailleurs immédiatement à la mythique Atlantide lorsque l'on découvre ce film. Du coup, Pokémon Ranger et le temple des mers s'inscrit dans la continuité des grands films d'aventures plein de suspenses et de rebondissement, le tout enrobé d'une bande originale en adéquation avec l'ensemble. La formule fonctionne relativement bien, mais il aurait été préférable de condenser un peu le film qui accuse un gros coup de mou pendant environ 20 minutes. Le début du film est particulièrement aguicheur, notamment parce que Fantôme le pirate est un méchant charismatique, dont les motivations sont claires et qui est sans aucun scrupule. Mais le long métrage peine ensuite à rebondir. Pour compenser les 1h46, plusieurs passages purement contemplatifs freinent donc inexorablement l'expérience. Mais c'est sans compter sur la dernière partie du long métrage qui mettra tout le monde d'accord. On nous offre littéralement une vrai apothéose narrative ! Au final, on n'est pas déçu du voyage et on préfère laisser de côté les imperfections de ce film à la durée si phénoménale pour un genre à l'origine destinée aux jeunes enfants.
Techniquement, Pokémon Ranger et le temple des mers met également fin à une grande époque : celle des celluloïds peint à la main. La série télévisée avait déjà franchi ce cap quelque temps auparavant, ce long métrage réussit pourtant à faire mieux qu'elle et tout aussi bien que Lucario et le mystère de Mew, déjà à ranger dans la catégorie des plus beaux films d'animations de la saga. Qu'on se le dise: l'animation 2D y est irréprochable. Film de transition entre une époque et une autre, Pokémon Ranger et le temple des mers souffre cependant aujourd'hui beaucoup de son utilisation intensive d'effets spéciaux numériques. Le calendrier de réalisation extrêmement serré et la disproportion du long métrage par rapport à ses prédécesseurs explique sans doute le besoin de Pikachu the Movie d'y avoir recours, malheureusement l'animation 3D a prit aujourd'hui un sacré coup de vieux. Rien d'insurmontable en l'occurrence, notamment grâce au somptueux final du film, mais ce défaut peut être rédhibitoire pour certains spectateurs.
Pokémon Ranger et le temple des mers marque une rupture importante au niveau international puisqu'il est le premier film qui se débarrasse enfin de 4Kids Entertainment, ce grand groupe américain responsable des massacres opérés à la série télévisée et aux films Pokémon. Ce groupe était en effet vivement critiqué de toute part par les fans du monde entier, car je vous rappelle que Pokémon passait systématiquement par ce rouleau compresseur américain avant d'être redistribué ensuite à travers le monde. Le matériel d'origine y était donc peu respecté, 4Kids! décidant de son propre chef de censurer, reformater, réorchester, voire remodeler à sa guise tout ce qu'elle ne jugeait pas politiquement correct. D'où, depuis, cette étiquette infantile accolée à tort à l'ensemble de la saga cinématographique, alors que celle-ci a toujours été plus mature en version japonaise (surtout le premier film) au contraire de sa version internationale. Pokémon Ranger et le temple des mers est ainsi devenu le premier long métrage édité directement par la branche américaine Pokémon USA, qui est depuis beaucoup plus respectueuse pour la franchise. Côté français, et dans la continuité du long métrage précédent, c'est à nouveau France Télévisions qui édita le film en vidéo en faisant appel à tous les comédiens habituels de la série télévisée. Le groupe commettra cependant une seconde petite maladresse de jeunesse en éditant ce long métrage, certes dans son format cinéma respecté, dans un étriqué format 4/3 totalement obsolète à l'ère du DVD (il y a des bandes noires de tous les côtés sur un écran 16/9!). Ce sera d'ailleurs la dernière fois, France Télévisions étant depuis devenu un éditeur irréprochable pour les longs métrages Pokémon.
En fin de compte, que retenir aujourd'hui de Pokémon Ranger et le temple des mers, et au delà, de toute la période Advanced Generation ? Si la série télévisée et les films servaient bien entendu de prétexte commercial pour promouvoir des jeux-vidéo, c'est à ce jour la seule et unique période de la licence Pokémon pour laquelle Game Freak, Nintendo et Pikachu the Movie prenaient très à coeur d'offrir aux fans quelque chose à la hauteur de leurs espérances tout en ayant un profond respect pour l'ensemble de ses personnages. Le temps de ses quatre longs métrages emblématiques, la licence Pokémon a peu à peu atteint sa pleine maturité narrative et artistique. Pokémon Ranger et le temple des mers est donc le dernier chapitre d'une grande période pour la franchise, car elle nous a amené à une conclusion logique et idyllique du cycle Advanced Generation.
Olivier J.H. Kosinski - 21 novembre 2014
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18 juin 2008
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Doublage (France - 2008)
Sacha : Aurélien Ringelheim
Pierre : Antoni Lo Presti
Flora : Maïa Baran
Max : Guylaine Gibert
Jessy : Catherine Conet
James : David Manet
Miaouss : Philippe Tasquin
Pikachu : Ikue Ohtani
Elisabeth : Fanny Roy
Narrateur : Daniel Nicodème
Sources :
LesGrandsClassiques.fr