Vivo est une oeuvre co-produite par Sony Pictures Animation et Netflix. Il sort mondialement le 06 août 2021. Le long métrage ne possède aucune version québécoise.
Vivo, un kinkajou, passe ses journées à jouer de la musique sur une place animée de La Havane avec son maître bien-aimé Andrés. Bien qu'ils ne parlent pas la même langue, Vivo et Andrés sont liés par le même amour de la musique. Un beau jour, Andrés reçoit une lettre de la célèbre Marta Sandoval, qui invite son ancien complice à son concert d'adieu à Miami dans l'espoir de reprendre le fil de leur amitié. Mais un drame survient et c'est à Vivo qu'il incombe de transmettre un message qu'Andrés n'a jamais réussi à envoyer...
Les longs métrages d'animation que je trouve insupportables - je n'ai pas dit mauvais ni exécrable - se comptent sur les doigts d'une seule main. Je suis généralement de nature très bon public, capable de m'envoyer d'insipides nanars à la chaîne et quand même réussir à tenir jusqu'au bout, leur trouvant même une ou deux choses intéressantes à analyser. Je n'aurais jamais cru cela possible, surtout pour un tel grand studio d'animation, mais Vivo vient de rejoindre cette catégorie là. Rien ne va dans ce long métrage, cela faisait même une éternité que je n'avais pas eu un mal atroce à arriver au bout du récit. Si le premier tiers du film s'est avéré un tant soit peu potable, cela a été une constante dégringolade au fur et à mesure que les minutes ont défilées. Que faut-il réellement retenir d'intéressant dans Vivo ? Une ribambelle de personnages atrocement creux ? Une absence totale d'empathie pour eux ? Une intrigue abracadabrante étirée à ne plus savoir qu'en faire ? Une bande originale hétéroclite non harmonieuse et sans le moindre rapport avec l'intrigue globale ? Des morceaux musicaux, sans cohérence aucune, qui tombent tous comme un cheveux sur la soupe à n'importe quel moment ? Un environnement graphique jamais une seule fois uniforme et qui joue constamment au yo-yo ? Un ensemble de scènes sans queue ni tête qui ne servent qu'à meubler par le vide afin de justifier un long métrage ? Pire, une adaptation francophone que je qualifierai cette fois de complètement foireuse m'ayant obligé, pour la première fois, à régulièrement basculer sur la version originale pour pouvoir soulager mes oreilles ? Je n'ai absolument rien trouvé d'intéressant à analyser dans Vivo, pourtant j'ai cherché. Tout le film ressemble à une grande démo technique exclusivement destinée à calibrer correctement son écran de télévision et son ensemble home cinéma. Mais où sont l'émotion et le divertissement là-dedans ? Aucune idée.
Les productions de Sony Pictures Animation ont toujours été en dent de scie, le réjouissant cotois le médiocre tout comme le passable. Vivo, lui, est en complète roue libre. J'ai beau me rassurer en me disant que la période pandémique a sans nul doute bouleversé la conception du film, mais cela n'excuse pas tout. Le long métrage ressemble juste à une vague idée, éparpillée parmi les membres de l'équipe, qui ont chacun dans leur coin décidé de la direction que devait prendre les personnages, peu importe la cohérence. Rien que le synopsis pose problème. En gros, un homme n'a pas réussi à avouer ses sentiments à sa dulcinée, qui s'est envolée loin de lui pour poursuivre une carrière musicale sans plus jamais lui donner de nouvelles. Soixante ans plus tard, la belle lui envoie soudain une lettre et voudrait le voir chanter sur scène avec elle. Pourquoi ce soudain et improbable revirement chez la belle après six décennies ? Qu'est-ce qu'on a sait ? Vivo ne l'explique pas. Tout le monde s'en fout. Problème : était-elle aussi amoureuse de lui ? L'introduction démontre que Andrés est effectivement amoureux de Marta, mais jamais une seule fois la réciproque n'est prouvée. On pourrait penser que les relations très tendues et le blocus entre Cuba et les Etats-Unis durant la période supposée du film avait joué un rôle, mais non, ce détail là n'est pas spécifié non plus. Rien n'explique qu'aucun des deux n'a cherché à reprendre contact en soixante ans. Leur relation devient inexorablement caduque. Plus étonnant, la fameuse vieille chanson qui doit parvenir à Marta est plusieurs fois indiquée comme affreusement triste mais apparaît finalement au contraire à la fin comme très joyeuse, ne cherchons pas à comprendre.
Pour légitimer l'intrigue, le kinkajou Vivo se trouve très vite flanqué d'une jeune Gabi extrêmement encombrante qui ressemble à un bon gros cliché : jeune fille solitaire, particulièrement loquace, totalement dérangée sur les bords, sans vrais copines car elle leur sert de souffre-douleur et, visiblement, est également un véritable danger public pour les animaux domestiques dont elle collectionne les restes funèbres dans son placard à objets douteux. Elle voue en plus un culte débordant pour la musique, alors qu'elle chante comme une casserole (sauf lorsque le film l'exige), principalement parce que c'était le dada favori de son père, évidemment décédé de manière abrupte longtemps avant le début du film. Ne parlons même pas de sa mère, dépassée par sa progéniture, qui devient littéralement "hystériquo-comique" quand sa fille part en vadrouille. Vu que cela n'est pas assez consistant, le long métrage rajoute un trio de scouts à l'esprit encore plus dérangé que Gabi, qui sert de nemesis farfelu pour ralentir la progression des aventureux. Et on oubliera pas l'apparition incongrue de tout un tas d'animaux bizarres et déglingués qu'on oubliera aussi vite qu'on les aura vu. Dans tout ce fatras, je cherche encore à trouver quel message Vivo est censé proposer. Parce qu'il n'y a absolument aucune progression dans le caractère des personnages dans ce long métrage qui se termine comme il a commencé, sans queue ni tête.
Enchaîner deux analyses consécutives autour de deux longs métrages musicaux me fait réaliser que, finalement, Tous en scène 2 est légèrement moins mauvais que je le pensais par rapport à Vivo. Au moins, dans le premier, l'abondance des chansons trouve une explication cohérente avec le récit. Vivo passe son temps à enchaîner des vidéoclips dont les paroles ne passent pas bien ni en anglais, ni en français. A choisir, il vaut mieux privilégier la bande originale en version espagnole, car c'est à partir de cette origine que Lin-Manuel Miranda puise l'ambiance musicale du film, le point de départ de l'intrigue se situant à Cuba. L'espagnol est une langue qui bénéficie d'un très large spectre mélodieux que bien d'autres langues leur envie et que peu d'entre elles sont capables de retranscrire avec fidélité lors de l'adaptation. C'est malheureusement totalement le cas de l'anglais et du français qui rendent immanquablement Vivo musicalement très boiteux et lui fait perdre quasiment tout son intérêt. Dès lors, en lui retirant son unique atout, puisque le scénario est anecdotique, c'est tout l'édifice Vivo qui s'écroule.
Olivier J.H. Kosinski - 04 mars 2022
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Doublage (France - 2021)
Vivo : Benjamin Bollen (Dialogues)
Vivo : Rodrigo Acevedo (Chant)
Andrés : Frantz Confiac (Dialogues)
Andrés : Kova Réa(Chant)
Marta Sandoval : Marie-Christine Darah (Dialogues)
Marta Sandoval : Laura Nanou (Chant)
Gabi : Lana Ropion
Valentina : Corinne Wellong (Dialogues)
Valentina : Kania Allard (Chant)
Veronica : Beehan
Rosa : Daniela Labbé Cabrera
Voix additionnelles :
- Marielle Hervé
- Jazzy
- Karine Costa
- Manu Vincent
- Barbara Beretta
- Maryne Bertieaux
- Rody Benghezala
- Xavier Fagnon
- Michel Dodane
- Cerise Calixte
- Guillaume Bourboulon
- Hervé Bellon
Sources :
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