Le film est sorti en salle pour la première fois le 14 décembre 1955 en France. Il ressort ensuite le 8 décembre 1976 et le 20 mars 1985. Pour les vacances de Pâques 1989, le film revient à nouveau en salle mais avec un tout nouveau doublage. Ce même doublage sera proposé pour la première fois en vidéo en 1990 (le doublage d'origine n'ayant jamais été commercialisé). Le film disparait ensuite des écrans et des commerces, pour faire son dernier grand retour en salle le 25 juin 1997, accompagné cette fois encore d'un tout nouveau et actuellement dernier doublage présent sur toutes les éditions vidéos depuis lors. A ce jour, La belle et le clochard a donc connu trois doublages français différents mais n'a connu aucune version québécoise, notons cepenant que le film y fut proposé dans sa version française d'origine jusqu'en 1987 et dans son troisième doublage à partir de 1997. Le second doublage ne traversa en effet jamais l'Atlantique, cette version étant donc totalement inédite là-bas.
Jim et sa femme Darling vivent dans une belle maison d'une petite ville tranquille de la Nouvelle-Angleterre en compagnie de leur chienne : Lady, elle-même entourée de ses amis Jock et Cesar. Cette joyeuse famille se voit bien vite comblée par l'arrivée d'un bébé. Tout se passe à merveille jusqu'au jour où, devant s'absenter quelques jours, les nouveaux parents confient toute leur petite famille à la garde de leur vieille tante Sarah et de ses deux terribles chats siamois. Si et Am s'en prennent à Lady et en font leur souffre-douleur. Objectif atteint : Lady s'enfuit de la maison et se retrouve dans la rue, livrée à elle-même. Menacée par des chiens errants, elle est sauvée, in extremis, par l'arrivée d'un chien corniaud répondant au curieux nom de Clochard.
J'ai toujours eu une sorte de sympathie naturelle avec La belle et le clochard car ce serait, d'après mes parents tout du moins, le tout premier film d'animation Disney que je découvrais en salle. Même si je dois avouer me rappeller l'avoir effectivement vu sur Grand Ecran, le film ne m'a pourtant pas laissé une trace aussi indélébile que le somptueux La belle et la bête sept ans plus tard. Pourtant, il reste aujourd'hui encore l'un des films d'animation les plus beaux et les plus connus à travers le monde. Le film a marqué nombre de générations tombées sous son charme depuis sa sortie initiale et continue encore de le faire aujourd'hui, sans que je parvienne à m'y inclure dedans. En effet, plus les années passent, plus je me détourne de La belle et le clochard. Je ne sais vraiment pas m'expliquer pourquoi, mais c'est comme ça. Et c'est d'ailleurs l'une des principales raisons qui m'ont empêché de retoucher à l'analyse de ce film durant plus de six ans. Bien qu'imparfaite, mon ancienne analyse y était d'ailleurs beaucoup plus chaleureuse que ne semblera l'être celle-ci, mais je pense qu'il était important de réaliser une analyse de qualité avant que je ne me détourne définitivement de La belle et le clochard sans lui rendre un dernier hommage.
Le premier script de La belle et le clochard remonte bien avant la sortie de Blanche-Neige et les sept nains en 1937. Mais Walt Disney estime à cette époque que l'histoire semble manquer d'éléments palpitants permettant la mise en chantier d'un film. Le synopsis original est donc écarté et mis de côté durant de nombreuses années. Entre temps, Walt Disney prend connaissance d'une nouvelle encore non publiée et écrite par Ward Greene qu'il trouve passionnante. Mais là encore, la nouvelle à elle seule ne semble pas suffire non plus. Malgré le fait que Ward Greene ai remanié plusieurs fois son histoire afin de l'étoffer, ce n'est qu'en 1953 que le script final, combinant l'idée d'origine avec la nouvelle saupoudrée de romance finit par enfin prendre forme. Le scénario final du film va principalement reposer sur un problème bien connu de tous les couples ayant des animaux domestiques : quelle doit être la place d'un chien lorsqu'un nouveau né s'invite dans la famille. Le point de vue de Lady fait d'ailleurs la force de ce récit, tout en ne lui épargnant rien. Lady y est tour à tour adorée et choyée, puis rejetée et humiliée durement. Une chance pour elle de croiser la route du charmant Clochard.
La belle et le clochard marque un grand coup en étant le tout premier film des Walt Disney Animation Studios à délaisser le format classique 1.37:1 pour adopter le tout nouveau format CinemaScope 2.55:1 créé par la 20th Century Fox. Vanté à l'époque comme révolutionnaire en offrant une impression de profondeur nouvelle (!), le CinemaScope fut surtout une réponse à l'intrusion de la télévision dans les foyers en offrant un spectacle visuel uniquement visible au cinéma (La même problématique que le phénomène 3-D des films récents finalement). En comparaison de son prédécesseur Peter Pan, La belle et le clochard offre ainsi un champ de vision quasiment deux fois plus important. Malheureusement, même si la technique semble prometteuse sur le papier, il reste évident que cette nouvelle technologie tout juste naissante a posé nombres de problèmes à l'équipe du film. Si les décors remplissent certes convenablement tout l'écran, toute l'action principale de La belle et le clochard semble étriqué dans un étroit environnement 1.37:1. Le surplus d'image se révèle souvent inutile et dispensable, empêchant littéralement toute immersion dans le film. La principale faute résultant dans l'absence de salles correctement équipées aux Etats-Unis, et qui obligea la compagnie Disney à simplifier la création d'une « fausse » seconde version recadrée plus facilement distribuable dans les cinémas classiques. Quatre ans plus tard, La belle au bois dormant ne connut pas les mêmes déboires, car les artistes surent superbement créer une véritable immersion visuelle en Technirama.
D'une certaine façon, La belle et le clochard rompt un peu avec d'autres traditions de Disney. Si le film comporte beaucoup de chansons, une seule d'entre elle est interprétée par l'un des deux héros. En l'occurrence Lady. Toutes les autres sont assurées par les humains ou des rôles secondaires. Ces derniers sont d'ailleurs charismatiques sans pour autant être attachants, parce qu'ils vont et viennent dans le récit sans qu'on nous laisse le temps de les apprécier. Heureusement, leurs interventions restent souvent mémorables grâce à l'effet comique produit par la caricature des diverses races visibles à l'écran. La belle et le clochard y est servi par une animation magistrale, avec un soin indéniable apporté à chacun des personnages. On y reconnaît chaque mimique qu'aurait un véritable chien tout comme ses comportements réalistes, à mille lieux de l'affreux Volt par exemple. La belle et le clochard renferme également une très belle ambiance musicale, avec des titres qui restent à jamais ancrés dans l'inconscient du spectateur.
Pour sa carrière française, La belle et le clochard fait parti de ces films d'animation ayant eu droit à plusieurs doublages différents. Le premier ayant été exploité lors de sa sortie en salle en 1955 et qui eu droit à une seule et unique commercialisation en 1987 au Québec. Un second doublage fut utilisé lors de sa ressortie en salle en 1989 et en VHS l'année suivante. Enfin un troisième doublage fut exclusivement réalisé pour son ultime ressortie en salle en 1997. Bien que de nombreux spectateurs s'offusquent de la présence du troisième doublage jugé inutile par rapport au second (rares en effet sont ceux qui connaissent la version d'époque), les trois versions françaises de La belle et le clochard sont aujourd'hui extrêmement intéressantes du point de vue auditif. Car ces trois versions permettent d'entendre sans équivoque possible l'évolution de la langue française : chacune des trois versions est profondément différente des autres aussi bien dans les termes choisis que dans la façon dont s'exprime les personnages. Rien qu'avec les dialogues on est ainsi capable de ressentir une frontière de classe sociale entre les personnages dans le premier doublage, un aspect atténué lors du premier redoublage, puis complètement supprimé dans le dernier. A ce jour, je n'ai jamais autant ressenti cela dans aucun des autres « multi-doublages » des longs métrages animés de Disney. Je ne m'étalerai pas plus sur la question, car vous pouvez accéder au comparatif de ces trois versions via la fiche doublage du film pour en savoir plus à ce sujet.
Avant tout précurseur, sans vraiment être révolutionnaire, La belle et le clochard reste aujourd'hui une très belle histoire d'amour servi par des personnages au poil. S'il se dégage une certaine nostalgie à la vision de ce film, il parvient quand même à tenir encore aujourd'hui la dragée haute à de nombreux films même récents par son humour, ses scènes d'action et ses sentiments profonds. La belle et le clochard reste donc indispensable à toute vidéothèque qui se respecte.
Olivier J.H. Kosinski - 26 octobre 2012
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1er Doublage (France - 1955)
Exploité jusqu'en 1987
Lady : Claude Winter (Dialogues)
Lady : Claire Leclerc (Chant)
Le Clochard : Henri Allegrier-Ebstein
Darling : Jacqueline Ferrière (Dialogues)
Darling : Claire Leclerc (Chant)
Jim Chéri : Georges Hubert
Peggy : Marie Francey (Dialogues)
Peggy : Anita Love (Chant)
Jock : Paul Faivre
Cesar : Camille Guérini
Tante Sarah: Cécile Dylma
Tony : Nicolas Amato (Dialogues)
Tony: Michel Roux (de l'Opéra) (Chant)
Le Castor : Paul Villé
Bouledogue : Marcel Rainé
Policier devant le parc : Paul Bonifas
Agent fourrière 1 : Pierre Michau
Agent fourrière 2 : Marcel Painvin
Agent fourrière Bill: Raymond Destac
Vendeur de muselières : Maurice Porterat
Hommes à la réception :
- Jean D'Yd
- Claude Bertrand
2e Doublage (France - 1989)
Exploité en 1989 et 1990 uniquement
Lady : Dominique Chauby (Dialogues)
Lady : Claude Lombard (Chant)
Le Clochard : Patrick Poivey
Darling : Martine Messager (Dialogues)
Darling : Claude Lombard (Chant)
Jim Chéri : Guy Chapelier
Peggy : Evelyn Selena (Dialogues)
Peggy : Marie Ruggeri (Chant)
Jock : Roger Carel
Cesar : Georges Atlas
Tante Sarah: Paule Emanuèle
Si et Am : Claude Lombard
Tony : Jean Stout
Jo : Roger Carel (Dialogues)
Jo: Jean Cussac (Chant)
Le Castor : Jacques Deschamps
Chanteur soliste "Paix sur Terre" : Jean-Claude Corbel
Toughy le vieux chien : Guy Piérauld
Saucisson-à-pattes le teckel : Roger Carel
Boris le lévrier allemand : Jean Lescot
Policier devant le parc : Georges Berthomieu
Promeneur devant le parc : Roger Carel
Agent fourrière 1 : Marc Alfos
Agent fourrière 2 : Jacques Deschamps
Agent fourrière Bill : Jacques Thébault
Vendeur de muselières : Georges Berthomieu
Docteur : Marc Alfos
Femmes à la réception :
- Evelyn Selena
- Dominique Chauby
Homme à la réception : Guy Chapelier
3e Doublage (France - 1997)
Version exploitée partout depuis
Lady : Barbara Tissier
Le Clochard : Guillaume Lebon
Darling : Sophie Deschaumes
Jim Chéri : Michel Papineschi
Peggy : Marie Ruggeri
Jock : Pierre Baton
Cesar : Pascal Renwick
Tante Sarah: Paule Emanuèle
Si et Am : Sophie Deschaumes
Tony : Gérard Rinaldi
Jo : Gérard Hernandez
Le Castor : Eric Metayer
Chanteur soliste "Paix sur Terre" : Olivier Constantin
Toughy le vieux chien : Gérard Surugue
Saucisson-à-pattes le teckel : Jean-Loup Horwitz
Boris le lévrier allemand : Jacques Frantz
Bouledogue : Roger Carel
Pedro le chihuahua : Josiane Pinson
Policier devant le parc : Michel Voccoret
Promeneur devant le parc : Henri Labussière
Agent de la fourrière : Marc Alfos
Vendeur de muselières : Patrick Préjean
Femmes à la réception :
- Lucie Dolène
- Evelyne Grandjean
Hommes à la réception :
- Henri Labussière
- Patrick Préjean
Sources :
Dans l'ombre des studios