Moana sort en salle le 23 novembre 2016 au Québec, Vaiana, la légende du bout du monde le 30 novembre 2016 en France. Comme d'ordinaire, le film est proposé en deux versions francophones.
Suite à un problème de droits, le prénom Vaiana remplace celui de Moana (utilisé aux Etats-Unis et au Canada notamment) dans toute l'Europe, y compris dans la version originale sous-titrée présentée en salle ou en vidéo.
Autrefois, d'intrépides marins affrontaient le Pacifique à la découverte des îles d'Océanie. Mais un jour, leur esprit d'aventure disparu dans l'océan, sans que personne ne sache pourquoi. Cependant, une légende raconte qu'un demi-dieu en serait la cause et qu'il serait capable de remettre les choses en ordre. Alors que la famine s'installe chez son peuple, l'intrépide adolescente Vaiana va décider de croire en cette légende. Elle va mettre à profit ses talents d'exploratrice pour partir à la rencontre de ce demi-dieu...
Cela fera bientôt 80 ans que la signature Walt Disney fait rêver des millions de spectateurs à travers le monde. Vaiana, la légende du bout du monde peut se féliciter d'être le 56e rejeton d'une longue et illustre famille de longs métrages d'animation. Malgré cette longévité exceptionnelle, reconnaissons que bien peu de films de cette lignée peuvent se vanter d'emmener les spectateurs voguer à travers l'océan. On les compte sur les doigts d'une seule main: on a La petite sirène, on a aussi Atlantide, l'empire perdu et c'est à peu près tout. Oui bon, d'accord, il y a aussi Pinocchio, il ne faut pas oublier que même si Geppetto et le garçon de bois sont coincés dans l'estomac d'une baleine, c'est bien au fond de l'eau que tout cette mésaventure se déroule! Pour son petit dernier film, l'image d'illustration conceptuelle que j'ai vu il y a plusieurs mois m'invitait clairement au voyage dans une étrange aventure perdue quelque part au milieu des flots. C'est d'ailleurs le seul et unique élément promotionnel dont j'avais eu connaissance avant de découvrir le film, à l'exception d'une bande annonce pour un produit partenaire qui mettait en avant Maui à la toute fin (je ne savais même pas qu'il s'appelait comme ça, ni quel était son rôle, avant de le découvrir dans le film). Je me suis rendu en salle sans réel a priori, ni de véritable attente, si ce n'est de vivre un voyage aussi merveilleux qu'exotique.
Vaiana, la légende du bout du monde s'ouvre sous les meilleures augures: le film nous plonge directement dans une merveilleuse légende qui emplit d'étoiles les yeux de la jeune Vaiana tout comme moi-même. J'ai toujours adoré ces récits baignés de mystères, de légendes fantastiques ou fantaisistes, nourris par des contes transmis oralement d'une génération à une autre. Le contexte de cette mise en bouche entrouvre immédiatement dans mon esprit d'innombrables pistes et autant de possibilités fantasmagoriques. Je prends un certain plaisir à attendre que l'histoire finisse par s'installer. Mais, malheureusement, rien ne va venir, pendant pratiquement tout le premier tiers du film cela chante ici, super, cela chante là, ouais, et, oh, cela rechante encore... au bout d'un moment impossible de se détacher de cette impression d'absence de récit, puisque rien ne se met en place.
Le long métrage enchaîne continuellement des titres pop, certes énergiques, mais sans la moindre saveur. Ils n'apportent rien au contexte, n'ont pas de réelle raison de figurer dans le long métrage, si ce n'est à pousser l'acheteur à acquérir une nouvelle bande originale juste histoire de réitérer l'exploit de La Reine des neiges en son temps. Au bout d'un certain temps, je me lasse clairement d'être enfermé dans cette structure de comédie musicale totalement creuse, ce type de programme m'ayant toujours hérissé les poils. Je ne dis pas que j'ai horreur des chansons, encore faut-il que le contexte les dispose naturellement. Par exemple, Vaiana, la légende du bout du monde ne tient pas la comparaison avec Le bossu de Notre-Dame. Ce dernier est lui aussi constitué en majorité de chansons, mais chacune d'elles apporte une pierre à l'édifice narratif. La complainte de Quasimodo ou la déchirante prière d'Esméralda avaient un sens profond, qui ne me dérangeait pas le moins du monde. Tout le contraire de ce film qui accumule des chansons, certes très belles, mais sans consistance aucune.
Une fois enfin sorti de l'île, je reprends pourtant espoir. Même si la structure du début est boiteuse, le reste peut très bien relever le niveau. C'était particulièrement vrai pour La Reine des neiges où le spectateur était heureux de s'échapper des chansons omniprésentes pour une seconde moitié d'un film particulièrement palpitante. Mais à nouveau, la désillusion s'installe quand le scénario de Vaiana, la légende du bout du monde part soudain complètement en vrille! Pendant approximativement un nouveau tiers du temps, le long métrage fait à peu près tout et n'importe quoi, cela vire même à l'absurde le plus complet. C'est bien simple, à ce stade du film, j'ai maintenant la certitude que les Walt Disney Animation Studios viennent d'inventer un concept innovant: une multitudes de vidéoclips réunit par un navrant fil conducteur. Quand une tribu de noix de coco et un crabe illuminé s'invitent à la fête, ne reste en moi qu'un seul sentiment: mais quand ce calvaire va se terminer?
Pour autant, je tiens bon. C'est peut être le plus absurde film d'animation que j'ai jamais vu mais, diantre, qu'est-ce que son univers visuel est magnifique!! Je me focalise alors là dessus. Quelle idée merveilleuse! Qu'est-ce que tout ceci est beau et donne envie de partir à l'aventure aux côtés de Vaiana. Quelle grâce, quel soin du détail, quelle foule de détails irrésistibles défilent à l'écran. Et que dire de cet océan, vaste, puissant, magnifique et terrifiant à la fois! Le long métrage trouve aussi grâce dans un autre détail à mes yeux: la physionomie des personnages. Quel soulagement et quel plaisir de voir enfin une multitude de gens aux corpulences plus réalistes, je peux enfin dire adieu à cette multitude d'humains filiformes qu'on nous flanquait constamment à l'écran jusque là.
Le film est pourtant loin d'être terminé. Alors que mon esprit s'est complètement détaché de ses vidéoclips fumeux et des mésaventures vécus par les personnages dont je m'intéresse plus (Le poulet aurait pu être drôle s'il n'y avait pas déjà eu Becky), quelque chose attire soudain mon attention. Un esprit fantomatique apparaît à l'écran. Celui-ci vient pour sermonner quelqu'un. A ce stade de mon cerveau déconnecté, je ne sais plus trop à qui il s'adresse. Avec le recul, je réalise que cet esprit vient pour sermonner tout le monde, spectateurs y compris. Il est venu pour nous dire que toutes ces idioties vont prendre fin, que ces pitreries sans aucun sens vont enfin cesser. Dès ce moment là, depuis cet unique dessin conceptuel que j'avais découvert, ce que je m'imaginais de Vaiana, la légende du bout du monde finit enfin par prendre forme. Une aventure exotique, pleine de bravoure où chaque personnage teste ses limites pour arriver au terme de son voyage. Quand ils finissent par l'atteindre, le dénouement n'est même pas celui auquel on s'attend. Vaiana, la légende du bout du monde parvient alors à surprendre son monde dans un superbe épilogue, qui s'imbrique parfaitement avec ce que le début du récit laissait entrevoir. Il était temps! Dommage que le voyage pour y parvenir fut aussi pénible...
Vaiana, la légende du bout du monde démontre que les Walt Disney Animation Studios ont construit, ou du moins réaménagé, leur film par rapport au succès inespéré de La Reine des neiges en 2013. Ils ont compris que le coup de coeur des spectateurs était en grande partie dû au succès de son incontournable bande originale. Mais en faisant cela, ils en ont complètement oublié l'essentiel: le scénario. Broder des chansons autour d'une vague idée est très loin de suffire pour en faire un classique du cinéma d'animation. Entre une première partie laborieuse et une seconde partie insensée, la dernière partie du film, aussi homérique qu'elle puisse être, ne parvient pas à rendre Vaiana, la légende du bout du monde mémorable. C'est comme si c'était la branche musicale du groupe Disney qui avait prit le contrôle sur tout le reste. Cela n'aurait pas été désagréable, si tant est que les chansons soient appréciables. Mais là aussi, Vaiana, la légende du bout du monde ne fait preuve d'aucune identité propre, ni de la moindre originalité. Tout du long, presque toutes les chansons n'évoquent que de simples variations de thèmes déjà abordés par... La Reine des neiges, oui, toujours lui décidément.
Après avoir eu le temps d'écouter longuement la bande originale du film, je me suis également longtemps attardé sur les chansons du film dans leurs versions originales etles comparer avec la version française. J'ai fini par mettre le doigt sur un défaut que je n'arrivai pas totalement à cerner lorsque je me trouvais devant l'écran et qui m'a empêché de me laisser entraîner dans ses mélodies: les couleurs des voix ! Qu'est-ce que je veux bien dire par là. Et bien, un peu comme c'est le cas dans le film Oliver et compagnie, la version française n'arrive pas à apporter une couleur, un timbre, voire même un style vocal très particulier aux personnages. La version américaine ne se contente pas d'imaginer une histoire polynésienne, Disney a choisi des voix qui apportent un vrai crédit vocal à l'ensemble.
Disney Character Voices France n'a visiblement pas souhaité se risquer sur ce terrain là. Du coup, ça ne passe clairement pas bien à l'oreille. Ce serait un peu comme si on demandait à Alizée d'interpréter une chanson des Gipsy Kings. Cela ne conviendrait pas à la première et trahirait complètement l'esprit festif et andalou des seconds. Maintenant, est-ce que cela change ma perception de Vaiana, la légende du bout du monde? Non, absolument pas. J'accorde juste un meilleur crédit aux chansons dans leurs versions originales, mais cela ne peut remettre en cause la mauvaise imbrication des chansons dans le récit dont une grande majorité tombe presque comme un cheveux sur la soupe. Bref, Vaiana, la légende du bout du monde est très mal équilibré dans son découpage entre les chansons.
Au final, ce 56e film d'animation n'apportera pas sa pièce à l'édifice à l'immense famille de film d'animation Disney, Walt Disney Animation Studios se contente juste de reposer sur ses lauriers. A réserver à ceux pour qui aiment les films «à tubes» contemplatifs mais dépourvus de profondeur narrative. Les autres pourront se contenter de la bande originale, ils ne manqueront pas grand-chose du scénario. Bref, pour moi, il s'agit ici d'un véritable acte manqué.
Olivier J.H. Kosinski - 18 décembre 2016
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Doublage Commun (France / Québec - 2016)
Vaiana / Moana Adulte: Cerise Calixte
Vaiana / Moana Enfant : Alice Déry (Chant)
Maui : Anthony Kavanagh
Grand-Mère Tala : Johanne Garneau (Chant)
Doublage (Québec - 2016)
Moana Enfant : Ezra Langelier (Dialogues)
Grand-Mère Tala : Johanne Garneau (Dialogues)
Chef Tui : Normand D'Amour
Sina : Émilie Josset
Tamatoa : Frédérik Zacharek
villageois no1 : Gabriel Lessard
villageois no2 : Mélanie Laberge
villageois no3 : Jean-Marie Moncelet
Lasalo : Christian Perrault
Soliste : Mario Chagnon
Voix additionnelles:
- Juliane Belleau
- Adrien Bletton
- Alice Dery
- Nicolas Pensa
- Loïc Moënner
- Pascale Montreuil
- Élia St-Pierre
- Julie Leblanc
- Catherine Léveillé
- Dominique Primeau
- Monique Fauteux
- Nancy Fortin
- Vincent Potel
- Charles Prévost Linton
- Alain Couture
- Gardy Fury
- José Paradis
- Richard Groulx
- Vincent Morel
- Nicolas Charbonneaux-Collombet
Doublage (France - 2016)
Vaiana Enfant : Mila Pointet (Dialogues)
Grand-Mère Tala : Christine Delaroche (Dialogues)
Chef Tui : Jean-Luc Guizonne
Sina : Mareva Galanter
Tamatoa : Adrien Antoine
Villageois 1 : Namakan Koné
Villageois 2 : Vanina Pradier
Villageois 3 : Achille Orsoni
Soliste : Jean-Michel Vaubien
Voix additionnelles :
- Mery Lanzafame
- Alice Déry
- Élisa Bardeau
- Olivier Constantin
- Jean-Jacques Fauthoux
- Richard Rossignol
- Magali Bonfils
- Timothé Bardeau
- Simon Faliu
- Karine Texier
- Jean-Jacques Cramier
- James Noah
- Barbara Beretta
- Victoire Pauwels
- Franck Gourlat
- Gaëlle Marie
- Grégory Quidel
Sources :
Carton Générique