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A Don Bluth Film
Anastasia

Anastasia est sorti en salle le 21 novembre 1997 au Québec et le 4 février 1998 en France, chaque territoire possédant son propre doublage. Le film connaîtra un succès colossal partout dans le monde, faisant dès lors oublier les échecs des derniers films de Don Bluth. Ce film, qui marque la première collaboration de Don Bluth avec la 20th Century Fox, est à ce jour le plus rentable du studio de Don Bluth. Sur un budget estimé de 50 millions de dollars, il rapporta quasiment trois fois plus au box office mondial, beaucoup plus depuis qu'il est disponible dans le commerce. Anastasia fut nominé à de nombreuses cérémonies, y compris aux Oscars, mais ne reçut finalement aucun prix.

L'intrigue

Lorsque toute la famille royale fut tuée en 1917 durant la révolution Bolchevik, la rumeur disait que la dernière princesse russe, Czarevna Anastasia, s'était échappée et avait survécue. Dans les années qui suivirent, plusieurs filles prétendirent être la princesse, mais aucune de ces revendications n'avait de bien-fondé. Puis, un jour dans une ville de Russie, deux escrocs rencontrèrent la paysanne Anya et lui prétendit qu'elle était vraiment la dernière princesse russe, Anastasia. Cependant, leur plan changea radicalement lorsqu'ils découvrirent qu'elle pourrait bien être la princesse en question.

Analyse de l'oeuvre

Par où commencer lorsqu'il s'agit d'analyser Anastasia, le chef d'oeuvre salué par la presse et la critique de Don Bluth ? Comment faire pour expliquer sans se brouiller avec son lecteur que ce film est à la fois le meilleur et le moins bon du catalogue du trublion de l'animation ? Puis-je me permettre d'écorner légèrement un mythe du cinéma d'animation qui est à ce jour le plus gros succès de tous les temps de Don Bluth ? L'exercice est vraiment difficile, mais comme toujours, je vais de ce pas m'atteler à cette tâche immense pour appuyer mon point de vue. Commençons déjà par le commencement, avec les origines de ce film.

Anastasia, c'est avant toute chose l'histoire d'une tragédie familiale. Il faut donc retourner au collège et à ses cours d'histoire, pour se remémorer la révolution Russe de 1917. Amorcée en février 1917, cette révolution avait pour objectif de renverser le pouvoir tsariste remis en cause par ses échecs durant la Première Guerre Mondiale, révolution qui trouvera son paroxysme en octobre 1917. Nicolas II abdiqua donc le 2 mars 1917, laissant le siège définitivement vaquant. Commence alors pour sa famille et lui une longue période de captivité. Si au début du conflit, le Tsar fut plutôt bien traité, la situation s'est rapidement aggravée au fil des mois, au point qu'en début d'année 1918, la famille vie sous une véritable terreur. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, le drame finit par se produire par l'exécution de toute la famille. De la confusion de documents faisant acte de la perte d'un des corps lors du transport des dépouilles, une légende naît. Celle de la survie de la jeune Anastasia. Entre supercheries de femmes souhaitant une postérité facile et la réalité, aucune réponse n'avait encore été apportée à ce mystère avant le début des années 1990. Anastasia est donc basé sur l'histoire plus ou moins romancée d'Anna Anderson, la femme qui fut la plus crédible parmi toutes les prétendantes au titre de Grande Duchesse, mais dont l'imposture fut prouvée en 1994 suite à des tests ADN.

Assurément, la noirceur de l'histoire véridique russe colle à merveille (si je puis m'exprimer ainsi) à l'esprit des longs métrages réalisés par Don Bluth et Gary Goldman dont cela a toujours été leur caractéristique principale. Toute l'ambiance générale du film respire l'authenticité de la touche Don Bluth : des décors très détaillés, en passant par ses diverses scènes intenses ou vraiment effrayantes, jusqu'à cette mauvaise habitude de l'utilisation souvent abusive de la rotoscopie sur les personnages. Procédé qui avait pourtant été trop souvent mal utilisé dans tous leurs films depuis Charlie, mon héros, jusqu'à finir par donner d'affreuses caricatures humaines dans Le lutin magique. Heureusement, les animateurs s'en sortent beaucoup mieux sur Anastasia, qui utilise cette fois à bon escient la rotoscopie, rendant les mouvements des personnages plus naturels. Seuls quelques plans de leur visage semblent légèrement ratés de par leurs expressions faciales peu crédibles en format animation. Les personnages bénéficient également d'une forte identité, et chacun d'entre eux possède une histoire propre très intelligemment intégrée au récit. L'autre caractéristique de la touche Don Bluth que l'on retrouve dans Anastasia, c'est dans le déroulement de son récit qui nous transporte d'un lieu à un autre pour un dépaysement garanti. Avait-on déjà vu un voyage en bateau dans un précédent long métrage animé ? On retrouve aussi ces séquences d'effroi à l'image du terrible cauchemar qui fait presque mourir Anya durant le trajet qui l'emmène en France.

En contrepartie de ces inévitables qualités que l'on s'attend à trouver dans un film de Don Bluth, Anastasia se permet pourtant d'en trahir toute l'essence en incorporant des codes Disney résolument impropres et incompatibles avec l'esprit Bluth. Et pour comprendre ce que je veux insinuer, il faut remonter au 20 septembre 1979 lorsque ce dernier claqua avec fracas la porte du studio Disney pour renouer avec l'esprit du studio égaré après la disparition de Walt Disney. Les trois premiers films de Don Bluth y parviendront d'ailleurs sans mal, mais avec le renouveau de La petite sirène, le retour de flamme ne fut que plus brutal. Alors qu'année après année, Disney s'envola de plus en plus haut vers le firmament de l'animation, pendant ce temps Don Bluth déclina de film en film. Son esprit et son style ont été en effet totalement éclipsés par les nouveaux codes imposés par le studio aux grandes oreilles. Codes qui sont devennus au passage les nouveaux standards de l'animation. Devant ce succès insolent, les têtes pensantes des majors croient de moins en moins en Don Bluth et son esprit à contre-courant du vent dominant. S'insinuant de plus en plus dans le processus créatif, Don Bluth est contraint malgré lui de désormais suivre le mouvement. C'est la Warner qui imposa notamment la réalisation de Poucelina, le premier film du réalisateur à tenter - sans grand succès - d'adapter la formule Disney.

Anastasia pâtit beaucoup de cette intrusion manifeste de la formule Disney. On y retrouve donc de nombreux clichés et emprunt rendant le film tout sauf unique. Ce qui explique cette énorme confusion du grand public considérant Anastasia tel un film Disney, ce qu'il n'a jamais été. Mais le grand public a-t-il réellement tort sur ce point ? Le récit est par exemple découpé de la même manière que l'aurait fait Disney, avec une multitudes de chansons chantées par les personnages nottamment. Le film compte aussi plusieurs personnages secondaires inutiles dignes des habituels comparses Disney : Bartok du côté des faire-valoirs typiques accompagnant systématiquement les méchants, tout comme Pouka, ce petit chien mignon comme tout et fidèle acolyte de l'héroïne du récit. Mis bout à bout, ces importants codes Disney seraient presque à considérer comme de vrais trahisons aux autres films du réalisateur. Mais je n'irais pas jusque là, et pour cause. Contrairement à Poucelina qui était franchement à côté de la plaque, Anastasia parvient à trouver un indestructible équilibre rendant le film si spécifique, si charmant même, que l'étonnante combinaison de l'esprit Disney et de l'esprit Don Bluth devient une véritable porte ouverte à l'univers particulier de ce dernier. On s'étonne ainsi de voir de si belles chansons parfaitement intégrée au récit, qui semblent évoquer du Disney, mais dont la noirceur des propos les rendent vraiment inimitables. Et on finit même par s'attacher à ces personnages pourtant si familiers.

Malgré son étonnante affiliation, Anastasia parvient donc sincèrement à nous happer dans son histoire. Il est cependant dommage que Don Bluth soit unanimement salué par le grand public grâce à ce film, qui est en fin de compte le moins représentatif de son immense talent. Mais qu'à cela ne tienne, Anastasia se doit donc d'être considéré comme le superbe film d'animation qu'il a toujours été. Une grande histoire animée mêlant du drame, de la poésie, du romantisme, des chansons agréables, une mise en scène dynamique, et un scénario habile même s'il reste un peu convenu. La ravissante Anya nous emmène avec elle dans son odyssée à la recherche de sa mémoire perdue, et on vibre en même temps qu'elle au fil des révélations. Anastasia est bel et bien à la fois la plus grande réussite de Don Bluth et l'oeuvre la moins représentative de son véritable talent. Mais qu'importe au final, l'univers du film balaye tous les a priori du spectateur au profit du grand divertissement familial. Anastasia mérite donc largement sa place au panthéon des grands films d'animation.

Olivier J.H. Kosinski - 26 avril 2013

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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 1997)

Anastasia Adulte : Lisette Dufour

Anastasia Enfant : Aline Pinsonneault

Dimitri : Gilbert Lachance (Dialogues)

Dimitri : Daniel Picard (Chant)

Bartok : Mario Desmarais

Raspoutine : Pierre Auger (Dialogues)

Raspoutine : Mario Desmarais (Chant)

Vladimir : Ronald France (Dialogues)

Vladimir : Benoit Rousseau (Chant)

Impératrice Dowager Marie : Élizabeth Lesieur

Doublage (France - 1998)

Anastasia Adulte : Céline Monsarrat  (Dialogues)

Anastasia Adulte : Katia Markosy  (Chant)

Anastasia Enfant : Kelly Marot 

Dimitri Adulte : Emmanuel Curtil 

Dimitri Enfant : Donald Reignoux 

Raspoutine : Richard Darbois 

Vladimir : Jean-Michel Farcy  (Dialogues)

Vladimir : Richard Darbois  (Chant)

Bartok : Patrick Guillemin 

Tsar Nicolas : Michel Papineschi 

Impératrice douairière Marie : Lucie Dolène 

Sophie : Barbara Tissier  (Dialogues)

Sophie : Brigitte Virtudes  (Chant)

Tuberkuloff : Marie Vincent 

Sources :
Doublage au Québec
Forum Doublage France

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