Bionicle 3 - La menace de l'ombre est distribué directement en vidéo le 11 octobre 2005 au Québec, puis le 02 novembre 2005 en France. C'est le troisième et dernier film produit par Lego et distribué par Disney via sa filiale Miramax. Un quatrième film lui succédera quelques années plus tard, mais distribué par Universal. Comme ses prédécesseurs, le long métrage ne dispose que d'un unique doublage français.
Lorsque les six Toa reviennent sur l'île de Metru Nui, ils découvrent une ville dévastée et recouverte d'étranges toiles d'origine inconnue. Les Visorak, créatures féroces ressemblant à des araignées et lançant des hélico-disques infectés de venin, en sont à l'origine. Surpris par une attaque des Visorak, les Toa Metru sont touchés par leurs hélico-disques venimeux. Atteints par le poison qu'ils contiennent, ils se transforment alors en Toa Hordika...
Phénomène assez récent, dans l'animation américaine en tout cas, hormis pour Disney qui s'est mis à produire des suites sur le tard, quand un long métrage rencontre un gros succès, il arrive assez fréquemment qu'il se voit adjoindre au moins deux suites pour former une grande trilogie. Au cinéma, c'est encore effectivement assez peu courant, mais beaucoup moins dans l'ère des productions américaines pour enfants spécialement conçues pour la vidéo. Au milieu des années 1980 puis durant les années 1990, le principe était, dans la plupart des cas, de proposer un premier opus en salle, puis exploiter ensuite le filon directement en vidéo. Et il y en avait généralement toujours deux qui suivaient. Quelques rares films ont évidemment explosé les compteurs de nombre de suites, comme les pauvres Petit-Pied et Juliette, mais c'est surtout la démocratisation de la technologie d'animation informatique, mais aussi Dreamworks Animation, qui ont démocratisé le principe des trilogies des films populaires depuis le début des années 2000. Incontestablement, la saga Bionicle est de celle-là, cela a d'ailleurs été l'une de mes plus grandes surprises. Après avoir fait une longue pause bénéfique sur les films Disney, en élargissant la ligne éditoriale aux studios concurrents il y a 10 ans, je me suis à nouveau recentré autour d'eux depuis quelques années. Ayant, bien involontairement, déjà traité la majorité des films les plus populaires qui ont entre-temps été rachetés par Disney, je me concentre donc depuis sur des films plus mineurs qui n'intéressent absolument aucun autre site de fans. Bionicle a toujours fait partie des productions que je souhaitais aborder, car je l'avais gardé en tête depuis plusieurs années de par la présence de leurs bandes annonces dans les DVD Disney, même si j'avais quelques réserves puisque je ne connaissais absolument rien à cet univers de jouets créés par Lego. Jusqu'à ce que je saute le pas, il y a quelques semaines à peine.
Et pourtant ! J'en suis finalement arrivé au tout dernier opus produit par Disney, via son ancienne filiale Miramax. Peut-être parce que je me suis familiarisé avec l'univers après deux films, mais plus vraisemblablement plutôt parce qu'il est mieux construit, Bionicle 3 - La menace de l'ombre reste incontestablement le meilleur opus des trois à mon sens. Le long métrage traîne derrière lui exactement les mêmes qualités et défauts que les deux opus précédents, toutefois un détail fait la différence : c'est incontestablement le plus accessible pour les néophytes dont je fais partie. L'intrigue n'a cette fois pas du tout recours à de complexes circonvolutions tout en évitant la longue phase introductive pompeuse et trop longue des deux premiers films. Bionicle 3 - La menace de l'ombre va directement à l'essentiel et s'y tient jusqu'au bout. Une phase de mise en contexte simple, un but à atteindre explicite, les enjeux sont clairs, on ne s'attarde pas une nouvelle fois à présenter les personnages (car ce film est la suite directe du second, mais qui se passe toujours des centaines d'années avant le premier), ce qui laisse le temps aux nouveaux, bons comme mauvais, de pouvoir briller un peu. Paradoxalement, le long métrage devient inévitablement plus manichéen. Gentils, méchants, confrontation, fin, c'est à peu près tout. Cela pourrait desservir l'intrigue mais, au contraire, ça la rend plus digeste et plus efficace dans son évolution.
Sur le plan scénaristique, dans Bionicle 2 - Les légendes de Metru Nui je m'étonnais de la très forte influence évidente de la Prélogie Star Wars. Et bien, figurez-vous qu'on nous refait ici exactement le même coup avec une autre franchise tout aussi célèbre : Le seigneur des anneaux de Peter Jackson ! J'aurais rarement vu une trilogie animée aussi disparate entre chaque film dans le paysage des productions américaines tout autant que si "opportuniste" ! Mais pas dans le mauvais sens du terme cependant. Le studio de production de la trilogie, Creative Capers Entertainment, sans doute appuyé par l'aval de Lego, semble simplement avoir voulu surfer sur ce qui était très populaire auprès des enfants à cette époque. Tout autant que la Prélogie de Georges Lucas, la trilogie de Peter Jackson a été un vrai phénomène de société. On sent tout du long que de nombreux éléments ont été piochés dedans pour fournir la matière première de Bionicle 3 - La menace de l'ombre, avec une touche de Harry Potter au passage. On a la grande menace cachée dans l'ombre comme Sauron, on a un grand méchant ambitieux et facilement jetable comme Saroumane, on a une grande méchante perfide qui rappelle Grima, on a un personnage qui se voit corrompre par l'anneau, euh non un virus, qui fait changer sa personnalité comme Gollum et on a même droit au patriarche éclairé guidant sa petite communauté avec son grand bâton scintillant comme Gandalf (Ne manque que le célèbre "Vous ne passerez pas !"). De Harry Potter, on retient aussi l'attaque des hordes d'araignées ainsi que le contrôle mental du méchant sur les esprits faibles, on peut comme le fait Voldemort avec sa stratégie de la peur sur le monde des sorciers. Ce parallèle avec presque tous les éléments du film est assez amusant à faire une fois que cette idée s'est inscrite dans son esprit. Elle ne nous quitte plus. Pour autant, les personnages parviennent à s'émanciper et voler de leurs propres ailes, ce qui permet d'écarter complètement Bionicle 3 - La menace de l'ombre du pur plagiat. On est ici plus proche de l'hommage assumé et de la bête facilité.
Sur le plan commercial, n'ayons pas peur de le dire, Bionicle 3 - La menace de l'ombre enfonce littéralement les portes ouvertes. Même sans avoir consulté les années de mise en vente de nouvelles gammes de figurines Bionicle par Lego, il est absolument évident que la refonte esthétique des personnages, scénaristiquement expliquée par une sorte de virus parasite, n'est là que pour pousser à la consommation d'une toute nouvelle gamme de jouets. Mais comme le dit l'expression : plus c'est gros, plus ça passe. D'autant plus que, peut-être vais-je me mettre à dos les fans des Bionicle de première génération, je trouve cette refonte plutôt réussie. Plus épuré, moins sec, plus organique, moins mécanique, l'esthétique de ces "nouveaux" Bionicle se rapproche du monde animalier. C'est assez frappant, surtout sur les deux antagonistes, l'un étant - évidemment - un bouc diabolique, l'autre étant - tout aussi évidemment - une louve sournoise et dangereuse, ainsi qu'à travers cette malédiction qui frappe l'un des héros, poussé peu à peu vers un statut plus bestial. La nouvelle gamme de jouets joue donc plus sur les peurs enfantines et primales, ce qui s'avère plus universel à appréhender que la génération précédente. Évidemment, ça rend tout de suite l'ensemble beaucoup plus stéréotypé qu'auparavant mais, en faisant cela, Bionicle 3 - La menace de l'ombre gagne en lisibilité. Un autre détail renforce d'ailleurs ce sentiment : les personnages ont une bouche bien visible et bien détachée de leur visage ! Je ne saurais comment l'expliquer avec exactitude. Toujours est-il que, contrairement aux deux premiers films, les visages des personnages y gagnent une bien plus large palette d'expressions.
Si mon ressenti pour Bionicle 3 - La menace de l'ombre est nettement plus positif que sur les deux premiers volets de la trilogie, il y a pourtant un gros point noir qui vient entâcher l'ensemble : les graphismes. Bionicle 2 - Les légendes de Metru Nui avait apporté une nette amélioration par rapport à Bionicle, le film - Le masque de lumière, toutes proportions gardées, n'exagérons pas outre mesure. On pourrait croire que le plus récent des films soit forcément le plus réussi, sauf que ce n'est malheureusement pas le cas. En étant vraiment honnête, en terme de rendu animé, Bionicle 3 - La menace de l'ombre propose à peu près la même chose que Bionicle 2 - Les légendes de Metru Nui. Sauf que le second opus était plus équilibré et, surtout, souvent plus lumineux. J'ai bien l'impression que les artistes ont voulu renforcer le côté sombre et malaisant de l'intrigue en assombrissant en même temps les environnements. Comme si l'un ne pouvait pas aller sans l'autre. De fait, on est presque tout le temps plongé dans le noir ce qui a conduit les artistes à très fortement négliger les arrières-plans. Puisque tout ou presque est plongé dans l'obscurité, ils ont concentré tous leurs efforts sur le design des personnages, mais sans pour autant corriger leurs démarches hachées qu'ils trainent depuis trois films maintenant. Or, en concentrant toute leur attention sur eux, ils ont négligé ce qu'il y avait autour d'eux. Et le peu de décors que l'on voit est souvent plus moche que ce que l'on pouvait voir dans le second opus. Un comble et un sacré paradoxe pour un film plus récent censé corriger les erreurs de ses prédécesseurs.
Finalement, je suis nettement plus partagé devant Bionicle 3 - La menace de l'ombre qui souffle le chaud et le froid que je ne l'étais pour les deux premiers. D'un côté, l'équipe créative a vraiment appris de ses erreurs en proposant un scénario mieux travaillé, plus accessible pour les néophytes et plus efficace que les deux premiers opus. De l'autre, la qualité technique générale laisse encore à désirer, tout en se révélant régulièrement inférieure à l'opus précédent. Je serais tenté de dire que si l'on mettait sur une balance les qualités et les défauts du film, les poids des deux côtés s'équilibreraient. Mais, je dois reconnaître aussi que j'ai vraiment trouvé Bionicle 3 - La menace de l'ombre beaucoup plus accessible que les deux opus précédents. Ce qui me fait considérer celui-ci comme le meilleur des trois. Cependant, ne vous y trompez pas, en tant que néophyte, inutile de vous lancer à corps perdu directement avec ce troisième opus en oubliant les deux précédents. Même si celui-ci est le plus accessible, les trois films sont complètement liés entre eux. On ne peut apprécier Bionicle 3 - La menace de l'ombre qu'en étant déjà passé par les deux autres au préalable, rien que pour en saisir au moins le contexte. De fait, celui-ci comme les précédents, s'adressent avant tout aux purs fans. Mais pour le coup, l'accompagnant en ressortira moins frustré qu'avec les deux autres. Ce qui laisse au final une impression générale de l'ensemble de la trilogie plutôt correcte pour le public des enfants ciblés. Les plus grands passeront leur chemin, sauf ceux qui ont gardé leur âme d'enfant ou leur amour pour les Bionicle.
Olivier J.H. Kosinski - 03 juin 2022
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Doublage (France - 2005)
Turaga Vakama : Michel Ruhl
Norik : Robert Darmel
Iruni : Mark Perez
Bomonga : Marc Perez
Gaaki : Anne Ludovik
Vakama : Cédric Dumond
Matau : Gilles Morvan
Nokama : Sylvie Jacob
Nuju : Arnaud Arbessier
Onewa : Axel Kiener
Whenua : Daniel Lobe
Sidorak : Vincent Grass
Roodaka : Françoise Cadol
Sources :
Voxofilm