Lui aussi annoncé explicitement dès la fin du second téléfilm, Descendants 3 est proposé à son tour en première exclusivité sur Disney Channel. Il est diffusé à la télévision en France, le 22 octobre 2019. Au Québec, il est d'abord directement commercialisé en DVD, le 06 août 2019, mais n'est diffusé à la télévision en français que le 26 octobre 2019. Comme pour les deux précédents opus, un seul doublage, réalisé en Belgique, est proposé sur tous les territories francophones. Le téléfilm est dédié à la mémoire de Cameron Boyce (Carlos), décédé un mois auparavant.
Au royaume idyllique d'Auradon, Mal, Evie, Carlos et Jay viennent de terminer leur année scolaire. Très reconnaissants de la chance qui leur a été donnée d'intégrer l'école d'Auradon, ils décident de retourner sur l'île de l'Oubli pour recruter de nouveaux enfants de méchants. A leur retour, une étrange force maléfique s'abat sur le royaume. Mal y voit l'oeuvre d'Uma ou d'Hadès. Elle prend donc la décision de condamner définitivement la barrière, ce qui met à mal ses engagements, et même ses amitiés...
Quand une saga devient trilogie, "ça passe ou ça casse" est la traditionnelle règle d'or. Dans le monde de la fiction, aussi bien dans le milieu télévisuel, du cinéma et de la littérature, on peut compter autant d'infamies (L'histoire sans fin 3 - Retour à Fantasia) que d'immenses surprises (Toy Story 3). Dreamworks s'est notamment fait une réputation dans le semi-ratage systématique de la plupart de ses troisièmes opus, alors que les seconds sont souvent bien meilleurs. Quand une trilogie n'est pas forcément prévue à la base, il y a une sorte de syndrôme qui s'insinue dans le processus. Beaucoup trop souvent, c'est l'intérêt financier de produire un troisième volet qui prime plutôt que l'intérêt créatif. A cela s'ajoute une équipe créative qui, beaucoup trop galvanisée par le succès des deux premiers opus de leur saga, se dit que le public est désormais acquis et qu'il n'y a donc pas besoin de se prendre la tête. A mon sens, Descendants 3 s'inscrit totalement dans cette philosophie. L'équipe Disney en charge du long métrage a concentré le plus gros de l'effort autour des chansons, mais a totalement négligé tout le reste, à l'image du scénario totalement insipide. Sur la trilogie, il est indéniable que le curseur entre narration et chanson est passée d'une extrémité à l'autre. Descendants était principalement un récit auquel se greffait des chansons. Descendants 2 est le seul opus ayant réussi à équilibrer parfaitement les deux aspects. Descendants 3 est avant tout un film à chansons dont on a tordue l'intrigue pour justifier leur présence.
Dans Descendants 2, les différents numéros musicaux étaient globalement bons. Non seulement les chansons en elles-mêmes, mais surtout leur cohérence avec ce que le film voulait raconter. Les deux éléments étaient complémentaires, les chansons faisaient avancer le récit, tandis que le récit s'offrait quelques moments forts avec des interludes musicaux. Descendants 3 ne suit définitivement pas la même démarche. D'un bout à l'autre, on ressent fortement que Disney s'est exclusivement concentré sur la partie musicale, avec sans nul doute comme ligne de mire la vente d'albums, mais au détriment d'une démarche filmique globalisée. Toutes les chansons du film, aussi bonnes soient-elles, arrivent systématiquement à des moments inopportuns. Pire, elles n'apportent rien à l'intrigue globale. Le scénario y perd toute substance. Descendants 3 ne fait jamais évoluer ses personnages, contrairement aux deux premiers opus où il y avait une vrai démarche progressive et évolutive. Ici, on a constamment ce sentiment d'être face à un long vidéoclip géant de deux heures, comme s'il s'agissait au final d'un concert géant enrubanné d'une intrigue prétexte permettant d'enchaîner entre deux numéros musicaux. C'est vraiment très désagréable, surtout pour moi qui avait réussi à apprécier Descendants 2 alors que je n'avais pas trop apprécié Descendants.
Il y avait pourtant matière à faire quelque chose de plus grandiose. Le pitch de Descendants 3 se prêtait totalement à une grande conclusion, avec un retour aux sources assez audacieux quand on y repense. Dans les grandes lignes, Descendants 3 avait tout en main pour être le contrepoint parfait de Descendants, avec une façon originale de boucler la boucle. Dans le premier téléfilm, l'intrigue développait une idée intéressante : faut-il condamner les enfants pour les erreurs de leurs parents ? Alors oui, le téléfilm était plutôt déconnant et certainement pas réaliste dans son approche. Pour autant, cela posait une base convaincante. La deuxième couche de l'intrigue portait sur la relation entre les enfants et leurs parents, aussi bien du côté d'Auradon que de l'Île de l'Oubli. Tous les parents des personnages étaient remplis de tels préjugés envers l'autre camp qu'ils les avaient intégrés dans l'éducation de leurs enfants. Descendants s'efforçait ensuite de permettre à chacun de trouver sa propre voie, au détriment des exigences et a priori de leurs parents. En somme, une métaphore sur l'adolescence, ce qui sied totalement à l'esprit des productions Disney Channel. Descendants 3 avait le potentiel d'expliquer comment la plupart des méchants sont devenus ce qu'ils sont, en l'occurrence à travers le personnage d'Audrey, qui signe son retour suite à son absence dans le second opus. Sauf que son personnage vire au comique dès sa première tentative de vouloir faire le mal. Dès lors, toute l'intrigue, un tant soit peu intelligente de Descendants 3, s'effondre tel un château de cartes.
Je reproche aussi au téléfilm de saborder ce que la conclusion Descendants 2 laissait supposer. Il était indéniable que l'intention initiale de Descendants 3 était d'offrir une confrontation finale entre Uma et Mal. Sentiment par ailleurs renforcé par le court métrage Sous l'Océan : Une Histoire de Descendants qui annonçait la même chose. Pour autant, les scénaristes préfèrent un revirement à 180 degrés, pour se concentrer sur Audrey, reléguant la pauvre Uma à un second rôle figuratif de luxe. Il est vrai qu'il fallait bien concilier ce trop plein de personnages, il n'empêche, en voulant donner un petit rôle à tous les comédiens depuis le premier opus, cela a fini par rendre leurs apparitions successives assez indigestes. Etonnamment, un seul comédien s'en sort un peu mieux que les autres, c'est Dylan Playfair (Gil) qui réussit à se démarquer de la masse, alors que je n'aurais certainement pas parié sur lui quand il était apparu dans Descendants 2. Problème, si China Anne McClain (Uma) faisait une entrée fracassante dans l'univers de la saga, Sarah Jeffery (Audrey) n'est pas du tout convaincante et souffre, comme trop souvent dans les adaptations live des "gentils Disney", d'une personnalité affreusement terne et sans relief. Comme dit plus haut, le revirement maléfique d'Audrey n'est pas le moins du monde convainquant. Or, comme souvent, si le méchant est raté, la quête des héros pour le vaincre perd toute crédibilité. A cela, il faut ajouter que Sarah Jeffery n'a presque aucune interaction avec les autres comédiens, elle ne peut même pas briller dans une vraie confrontation puisqu'elle doit effectuer son "combat" final devant un fond vert, puisque Mal est à ce moment-là transformée en dragon.
Descendants 3 s'en sort cependant bien mieux sur la bande originale. Je ne peux nier qu'elle fait jeu égal avec celle de Descendants 2. Il est clair que tout le monde se fait plaisir, à chanter et à danser, car il y a beaucoup plus de numéros musicaux dans ce téléfilm que dans son prédécesseur. Presque tout le monde a son petit moment de gloire musical ce coup-ci. Comme c'était déjà le cas dans les deux premiers téléfilms, Descendants 3 s'ouvre avec un premier numéro musical qui recontextualise les personnages avec, cette fois, le titre "Good to Be Bad". Le titre est bon, même si je trouve que le texte de la chanson a un contenu quelque peu tendancieux car, en substance, la chanson indique qu'être méchant ouvre les portes d'Auradon, ce qui n'est pas tout à fait le sens des propos tenus dans les deux premiers opus. Je passerai rapidement sur la reprise de "Did I Mention" par Mitchell Hope, dont la seule particularité est d'entendre sa véritable voix, alors que c'était Jeff Lewis qui le doublait auparavant. Un peu plus loin, "Queen of Mean" est consacrée à la peine ressentie par Audrey d'avoir été abandonnée par Ben. Le morceau est intéressant dans sa manière de montrer le basculement d'Audrey vers le mal, une conséquence qui découle de ses frustrations. Cela passe bien en chanson, même si cela résulte surtout d'une grosse facilité narrative. En exceptant la reprise quelque peu langoureuse d'Audrey du célèbre "Happy Birthday" de Marilyn Monroe au President Kennedy, qui constitue surtout un clin d'oeil pour les connaisseurs, le troisième "vrai" morceau de Descendants 3 est "Do What You Gotta Do" chanté par Dove Cameron (Mal) et Cheyenne Jackson (Hadès). Le duo fonctionne, tout comme il introduit assez bien le personnage d'Hadès dans la franchise. Dommage que le Dieu des morts n'a ensuite aucune vraie utilité dans l'intrigue, alors qu'il apportait pourtant un joli contraste par rapport à Kristin Chenoweth, mieux exploitée dans le premier téléfilm que lui dans celui-ci.
Un peu plus loin, c'est au tour du titre "Night Falls", le traditionnel morceau collégial présent dans chacun des volets de la saga. Le titre vaut surtout pour le plaisir de réentendre ensemble Dove Cameron (Mal) et China Anne McClain (Uma), mais n'apporte clairement rien au niveau narratif pour Descendants 3. Je regrette aussi qu'Audrey soit quasiment exclue, puisque "pilotant" à distance l'armée des armures, ce qui l'empêche d'avoir un premier vrai affrontement en direct avec les autres protagonistes. Pour moi, c'est un gros raté. Autre faute de goût, hormis le fait que ce passage n'apporte rien, c'est que "Night Falls" ressemble un peu trop à une parodie de vidéoclip de Michael Jackson, se situant quelque part entre la chorégraphie de "Thrillers" et les vocalises de "Earth Song". Vient ensuite le tour de "One Kiss", tout aussi peu utile au récit, mais qui offre un morceau rigolo à Sofia Carson (Evie). Même si elle semble follement s'amuser sur ce morceau, avouons tout de même qu'elle a eu droit à de biens meilleures chansons dans les téléfilms précédents. Tradition oblige, Mal passe encore une fois par une remise en question existentielle. C'est avec "My Once Upon a Time" qu'elle se prête à cet exercice dans un morceau façon animation Disney, qui cette fois fait un peu penser à "Go the Distance" d'Hercule. Une filiation peut-être volontaire, en raison de la présence d'Hadès dans Descendants 3, mais je peux me tromper.
Enfin, Descendants 3 se termine par "Break This Down" qui conclut à la fois le téléfilm, mais également la trilogie dans son entier. Bien qu'un nouveau téléfilm inspiré de cet univers ait récemment vu le jour, Descendants 3 a toujours été pensé, conçu et tourné comme la conclusion finale des aventures de Mal, Evie, Carlos et Jay. En soit, cette chanson finale apporte effectivement un point d'orgue à leurs aventures tout en se permettant, contrairement aux deux précédents opus, d'y ajouter un petit épilogue globalement satisfaisant. La chanson, comme l'épilogue, répondent finalement parfaitement au souhait de Ben de faire voler en éclat les a priori des habitants de l'Île de l'Oubli, tout comme elle répond aussi aux désirs de Mal de mettre fin aux discriminations. Evidemment, tout ce joyeux Happy Ending à la Disney s'avère un peu risible quand on y pense, mais en y ajoutant le fait qu'un méchant peut aussi naître de l'intérieur, et non forcément de l'extérieur comme le prouve Audrey, on finit par en conclure que tout ne sera finalement jamais tout blanc ni tout noir à Auradon.
Des trois opus originaux de la saga, j'ai une nette préférence pour Descendants 2. En 2015, Descendants était un coup d'essai plus que perfectible dont le second opus avait réglé tous les travers. Je suis beaucoup plus sceptique devant Descendants 3, qui sent beaucoup plus l'argument marketing que les deux précédents volets. Bien qu'intéressante en substance, l'intrigue ne fait que survoler le propos et passe complètement à côté du message. De même, Descendants 3 souffre sur certains numéros musicaux qui ne se justifient pas pleinement dans le déroulé de l'intrigue, même si la plupart des chansons sont plus qualitatives que celles du tout premier téléfilm. Au final, on a cette triste impression que Descendants 3 est avant toute chose un joyeux bordel, destiné à proposer un baroud d'honneur aux personnages (qui s'amusent, c'est une évidence), mais qui n'a pas été aussi bien travaillé que Descendants 2 en terme de narration. Là où il y avait eu une vraie évolution sur les deux premiers téléfilms, la plupart des personnages sont cette fois restés figés tout en n'ayant plus vraiment grand chose à raconter. Mention spéciale pour Audrey, qui est censée être le point central du téléfilm, mais qui reste totalement déconnectée de tous les autres personnages, rendant sa menace assez risible. Bref, à mes yeux, Descendants 3 s'est quelque peu perdu en chemin et aurait mérité un peu mieux.
Olivier J.H. Kosinski - 01 novembre 2024
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Doublage (Belgique - 2019)
Mal : Nancy Philippot
Evie : Mélanie Dambermont
Jay : Pierre Lognay
Carlos : Maxime Van Santfoort
Ben : Pierre Le Bec
Uma : Mélissa Windal
Audrey : Laura Masci
Celia : Lise Leclercq
Harry : Antoni Lo Presti
Gil : Alexandre Crépet
Chad : Maxime Donnay
Jane : Laetitia Liénart
Doug : Alessandro Bevilacqua
Java : Clara Mullenaerts
Hadès : Michelangelo Marchese
Belle : Maia Baran
Adam/Bête : Philippe Allard
Bonne Fée : Marcha Van Boven
Camarade : Olivier Prémel
Sources :
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