Second, et actuellement dernier, long métrage paru spécialement pour le marché vidéo, Fievel et le mystère du monstre de la nuit est commercialisé durant l'été 2000 en France et au Québec, avec un doublage exclusivement français sur les deux territoires.
Depuis quelques mois, les rongeurs de Manhattan tremblent d'effroi. La rumeur court qu'un monstre sanguinaire serait en train de décimer la communauté des souris en ville. Le jeune Fievel et ses amis décident d'en avoir le coeur net. Avec l'aide de Nellie, une jeune journaliste intrépide, ils ouvrent une enquête qui les entraîne à la découverte d'une étrange vérité...
A quelques mois d'intervalle seulement, le studio Universal a proposé, coup sur coup, deux suites aux aventures de Fievel dont les thématiques respectives sont sensiblement différentes. La plus flagrante d'entre elles relève de l'improbable infantilisation de Fievel lui-même ! Dans les trois premiers opus, le souriceau avait indéniablement un côté aventureux, qu'il perd inexplicablement dans Fievel et le mystère du monstre de la nuit. Sans la moindre raison logique, Fievel devient un vrai pleurnichard qui se met soudain à faire d'effroyables cauchemars à en réveiller les morts, mais surtout à empêcher de dormir l'ensemble de sa famille. Afin de démystifier cette peur déraisonnable, il rencontre la reporter Nellie Brie, qui ne croit qu'en ce qu'elle voit, et va lui apprendre à faire la part entre le rêve et la réalité. Sauf qu'une étrange créature machiavélique va bel et bien surgir des tréfonds des égouts de New York, confortant Fievel dans l'idée qu'un véritable monstre se dissimule derrière les ombres de la nuit. L'autre particularité de cette seconde suite conçue pour le marché vidéo, c'est qu'elle déplace Fievel en tant que second rôle, car c'est bel et bien Nellie Brie qui la principale héroïne de ce long métrage.
Incontestablement, Fievel et le mystère du monstre de la nuit est l'opus le plus léger sur les quatre existant à ce jour, même s'il compte quelques scènes plutôt intenses à l'image des scènes de cauchemars de Fievel, sans nul doute l'unique élément un peu "noir" inspiré des deux grands premiers films. C'est également le seul qui ne tente pas de dénoncer quoi que ce soit de particulier, contrairement à Fievel et le trésor perdu qui gardait encore un peu de cette essence de l'esprit de Fievel à travers la dénonciation du travail forcé et de la police corrompue. Ce long métrage préfère au contraire proposer une ribambelle de nouveaux personnages, dont certaines caricatures de la presse à scandale, mais on n'en retient vraiment qu'un seul : Lady Rikiki. A l'image de ses congénères caniches animés, tels Georgette et Fifi, Lady Rikiki est un personnage complètement déglinguée superbement doublé en français par Brigitte Virtudes, dans une interprétation totalement délurée à l'image de la toute aussi excentrique et délicieuse Zelda. En comparaison, le reste de la distribution fait relativement grise mine dans la mesure où l'abondance des seconds rôles ne permet aucunement de s'attacher, ni même de retenir, la grande majorité d'entre eux.
Un détail du film m'a cependant quelque peu interpellé dans la mesure où, cette fois, Universal a non seulement complètement occulté la religion juive, mais en a surtout profité pour la remplacer par du christianisme comme c'est le cas de nombreuses aventures de Petit-Pied. Nellie Brie est en effet un personnage catholique et comme elle sert de modèle à suivre pour Fievel, j'y vois là une intention quelque peu maladroite de changer les codes "religieux" de la franchise. Certes, ce n'est qu'un tout petit détail au détour d'une scène qui n'a véritablement aucune importance dans le récit (Nellie fait juste un signe de croix en apprenant la mort d'une souris). Or, c'est justement cela qui interpelle parce qu'elle est justement inutile dans l'enquête que mènent les deux souris pour trouver ce monstre nocturne qui terrorise tout New York. Quand bien même, ce genre de fantaisie propre à certaines productions du studio Universal n'est pas du tout choquante, je doute même que quiconque l'ai vraiment remarqué, surtout les plus jeunes spectateurs à qui le film s'adresse. C'est juste que Fievel a toujours été très ancré dans la tradition juive, au moins pour ses deux premiers films, du coup, sur le moment, cela surprend tout simplement.
Techniquement, Fievel et le mystère du monstre de la nuit est très proche de Fievel et le trésor perdu. Les deux opus ont en effet été conçus l'un à la suite de l'autre par exactement les mêmes équipes. On retrouve donc le même Larry Latham en tant que réalisateur, le même Len Uhley au scénario et le même, comme infatigable, Michael Tavera sur la bande originale. Visuellement, on se retrouve en terrain connu, le long métrage ne souffrant d'aucune réelle variance de ton ou même d'ambiance par rapport à son prédécesseur. Fievel et le mystère du monstre de la nuit offre toutefois un plus grand nombre de décors, car l'enquête menée par Nellie et Fievel exige de se rendre dans de nombreux endroits pour y trouver des indices. Au niveau sonore, à l'exception des quelques reprises des plus beaux morceaux de James Horner, Michael Tavera n'offre pas grand chose de mémorable. C'est surtout la version française qui vaut le détour par la seule présence de Brigitte Virtudes dont ses célèbres envolées lyriques délurées valent à elles-seules leur pesant de fromages.
Deuxième et actuellement dernier opus spécialement réalisé pour le marché vidéo par Universal, Fievel et le mystère du monstre de la nuit est un film tout aussi anecdotique que l'était son prédécesseur. L'intrigue n'est pas inintéressante, tout comme certains personnages sont à saluer (Nellie et Rikiki particulièrement), mais l'ensemble s'oublie bien vite. Le problème vient principalement qu'aucun des deux opus vidéos de Fievel n'arrive à la cheville de ses deux illustres aînés portés sur grand écran une décennie plus tôt. Tout au plus ne passe-t-on pas un mauvais moment devant ce qu'il propose, mais c'est à peu près tout.
Olivier J.H. Kosinski - 11 octobre 2019
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Doublage (France - 2000)
Fievel Souriskewitz : Elliot Weil
Papa Souriskewitz : Roger Lumont
Mama Souriskewitz : Nathalie Nerval
Tanya Souriskewitz : Marie-Charlotte Leclaire
Tiger : Alain Dorval
Nellie Brie : Françoise Rigal (Dialogues)
Nellie Brie : Claude Lombard (Chant)
Michel Muller : Charlie la Une
Tony : Donald Reignoux
Lone Wolf : Henri Poirier
Lady Rikiki : Brigitte Virtudes
Slug : Saïd Amadis
Chafouin : Michel Mella
Chamailleur : Jean-Luc Galmiche
Voix additionnelles : Jane Val , Régis Lang
Sources :
Forum Doublage France