Volcanion et la merveille mécanique est sorti le 16 juillet 2016 au Japon. En France, il a été diffusé pour la première fois à la télévision en avant-première sur Canal-J le 11 novembre 2016, puis rediffusé le 18 novembre 2016 sur Gulli. Le 6 décembre 2016, le long métrage devient disponible en version numérique sur l'application TV Pokémon, cette fois accompagné d'un QR-Code spécifique permettant de récupérer Magearna dans Pokémon Soleil et Lune. Notons qu'une scène d'électrocution des personnages, d'à peine 6 secondes, a été censurée dans les versions internationales du film. Y compris, donc, dans la version française.
Alors que Sacha et ses amis sont en route pour Azoth, le pokémon fabuleux Volcanion leur tombe littéralement dessus. Désormais reliés par une force magnétique inconnue, Sacha et Volcanion vont devoir mettre leurs différends de côté afin de sauver Magearna, un pokémon mécanique créé par Nikola il y a plus de 500 ans. Le conseiller Alva compte utiliser les pouvoirs mystérieux de ce pokémon artificiel pour prendre le contrôle de tout le royaume.
Il arrive toujours un moment où toute chose doit prendre fin. C'est le cas de la franchise Pokémon qui, au terme de ses 21 années d'existence, a décidé de tourner la page d'une grande époque afin d'aller vers de nouveaux horizons. C'est ainsi que Volcanion et la merveille mécanique marque la conclusion à la fois le cycle X/Y mais aussi, plus largement, de tout ce que l'adaptation animée avait proposé jusqu'à aujourd'hui. Car pour sa saison 20, correspondant au tout dernier cycle Soleil/Lune, la franchise s'est complètement métamorphosée avec un graphisme entièrement remanié. On aura sans nul le loisir d'en reparler longuement l'année prochaine, puisqu'il est fort à parier que le prochain long métrage proposera quelque chose de visuellement inédit pour la saga cinématographique. Et comme tout pokémon qui se respecte, tout chose doit un jour ou l'autre évoluer ! Volcanion et la merveille mécanique prend la forme d'un chant du cygne puisque le long metrage a l'honneur de conclure une période cinématographique qui a couru durant deux décennies, cumulant à la fois des haut et des bas. Est-ce une réussite ? A vrai dire, je dirais que oui. Volontairement ou non, tel un baroud d'honneur, ce 19e long métrage rend inévitablement hommage à 21 années passées en compagnie de ces monstres de poche, en piochant de-ci de-là dans ces 18 prédécesseurs. Le film apporte même quelque chose d'inédit en se révélant un film très drôle, ce qui change de la routine.
Comme tout long métrage finissant un cycle Pokémon, Volcanion et la merveille mécanique introduit le tout premier pokémon inédit de Soleil/Lune : Magearna. Le pokémon mécanique, d'allure féminine, a été conçu par un certain Nikola, inventeur de génie, il y a de cela plus de cinq siècles. Pour le public francophone, même s'il est aussi très connu à l'international, son prénom évoque forcément un certain Nicolas Flamel. Il est vrai qu'en consultant sa biographie, on semble y trouver de nombreuses similitudes avec le personnage présent dans le film. Par exemple, la célèbre légende qui raconte qu'il fut un formidable alchimiste (il a conçu la pierre philosophale) rappelle furieusement les propriétés de l'animacoeur qui anime la vie de Magearna. On trouve aussi trace de son implication à offrir des refuges aux plus pauvres, comme nous l'est présentée la grande vallée gardée par le puissant Volcanion. Mais en réalité, vous faites en partie fausse route. Ce prénom Nikola a été exclusivement choisi pour la version internationale du film. Son véritable nom japonais est Eliphas ! Là, absolument aucun doute n'est permis, les scénaristes ont puisé l'idée du personnage auprès d'un autre français : Alphonse-Louis Constant, plus connu sous son pseudonyme Eliphas Lévi.
Eliphas, par ses écrits qu'il a laissé derrière lui, est à l'origine d'un mouvement populaire qui considère que la magie, dans son premier sens du terme, existe dans la nature et qu'elle ne peut être comprise que par une poignée de sages. C'est bel et bien cette idée que l'on retrouve dans Volcanion et la merveille mécanique : un homme érudit a souhaité apporter sa magie pour améliorer la vie de ses compatriotes. La plus belle de ses réussites est évidemment Magearna, un pokémon mécanique animé par sa vie et ses sentiments propres. Mais sa puissance fut détournée, apportant le chaos et la destruction. Cinq cent ans plus tard, l'odieux Alva va tenter de s'en emparer à son tour. Le prénom Alva, lui aussi choisi pour la version internationale, ne fait pas l'ombre d'un doute quand à son origine : Thomas Alva Edison, le célèbre inventeur américain. Là encore, c'est une facilité narrative qu'a voulu donner Pokémon USA au long métrage, gommant au passage le véritable prénom japonais du personnage : Jarvis. Je n'ai malheureusement pas pu trouver l'origine du nom de ce personnage, tout au plus est-il question d'une pièce de théâtre française, écrite en 1840 par Alexandre Dumas et Charles Lafont, Jarvis l'honnête homme. Mais je doute qu'il s'agisse réellement de la source utilisée par l'équipe du film. Pour être honnête, je doute même encore plus qu'il y ai un rapport avec l'intelligence artificielle Jarvis conçue par Iron Man ! A mon grand regret, cela restera donc le grand mystère du film.
Je l'ai dit plus haut, Volcanion et la merveille mécanique emprunte énormément d'idées à ses prédécesseurs. Alva rappelle furieusement le personnage Zéro, à ceci près qu'il est son naturel opposé. Ce dernier est un scientifique extrêmement brillant, tandis qu'Alva prêche l'ésotérisme. Les technologies de pointes aperçues dans la cité d'Azoth rappellent furieusement celles que l'on avait pu découvrir à Larousse City. La plupart des bruitages électromagnétiques entendus y sont d'ailleurs répliqués à l'identique. C'était aussi dans cette ville que l'on rencontrait Tori que nous rappelle beaucoup Raphael (Rali en anglais, Racel en Japonais). Le chasseur de pokémons, tout comme le plateau de brume, nous évoque le contexte de la capture de Celebi. L'aspect médiéval du long métrage nous remémore la cité Rota, pendant que son impressionnante forteresse volante apparaît tel un clone de celui d'Eindoak. Magearna est la gardienne d'une cité, comme échoue ce même rôle à Darkrai ou encore à Manaphy. N'oublions pas non plus l'aspect sonore du film, plus flagrant en version originale qu'internationale, très proche de celui que l'on entendait à Alto Mare. Pour en terminer avec ce jeu de comparatifs, nous pouvons aussi faire un parallèle entre Volcanion et Mewtwo dans leur quête commune de protéger leurs semblables loin de toute présence humaine. Bref, Volcanion et la merveille mécanique est bel et bien à la croisée de vingt années Pokémon !
Malgré tout ses amalgames, plus proches de l'hommage que du plagiait, Volcanion et la merveille mécanique se situe plutôt dans le haut du panier. Il faut en effet reconnaître que, qualitativement parlant, la franchise cinématographique était sur une pente inexorablement descendante depuis plusieurs années. On avait même touché le fond durant la période Noir/Blanc. Ici, Pikachu the Movie renoue avec les films légers, sans prétention aucune, mais accompagné d'un scénario qui tient la route tout du long sans jamais se révéler incohérent. L'orgie de combats surréalistes de légendaires est également aux abonnés absents, ce qui offre au spectateur un véritable soulagement de ne plus à avoir à supporter le fan-service invraisemblable. Volcanion et la merveille mécanique offre aussi à Sacha un rôle comique de premier plan, puisqu'on prend un malin plaisir à le voir se ramasser par terre à de nombreuses occasions durant le film (car il est piégé à suivre partout Volcanion). Cela permet au jeune dresseur de redevenir un simple humain dépassé par les évènements et de faire naître une relation pleine d'humilité entre Volcanion et lui. Parmi les autres personnages, applaudissons le retour du trio de la Team Rocket utilisé à très bon escient dans le film. Loin de se cantonner à de la banale figuration, Jessy, James et Miaouss ont ici de très belles scènes à l'écran où ils restent fidèles à eux-mêmes (c'est à dire à retourner leur veste dès que le vent tourne !).
Côté aspect technique, Volcanion et la merveille mécanique reste fidèle à l'esprit visuel de la saga tel qu'on le connaît depuis vingt et un an. On se retrouve devant un mélange plus ou moins habile entre une 2D comme toujours irréprochable et une 3D globalement passable, à ceci près qu'elle est un peu moins utilisée que dans certains anciens films. Bref, pour le ravalement de façade complet de la franchise, il faudra attendre l'année prochaine, en espérant que le retour aux sources prévus par le vingtième film ne fasse pas lui-aussi un passablement désastreux succès au box-office japonais. Concernant l'aspect sonore, Volcanion et la merveille mécanique a subit, comme ces deux prédécesseurs, un remontage audio dans les règles de l'art américaines. Une fois encore, la bande originale japonaise est à privilégier puisqu'elle fait preuve d'une certaine audace. Le compositeur Shinji Miyazaki offre un style musical très inhabituel pour la franchise, puisqu'il réalise des morceaux proches de la musique classique baroque. Par exemple, au moment où le plateau de brume est attaqué, on jurerai entendre un extrait de la Toccata et Fugue en Ré Mineur de Jean Sébastien Bach ! Le contraste entre le visuel et le son est très étonnant à entendre, surtout vis à vis de la version internationale réorchestrée qui choisit un style musical plus en accord avec ce que l'on entendrait à la cour de Versailles, notamment en utilisant le clavecin. Curieusement, cette version réorchestrée ne détruit pas l'ambiance du film, elle lui donne juste un caché plus contemporain (curieux paradoxe il est vrai).
Au final, Volcanion et la merveille mécanique conclue une double décennie Pokémon sur une note plutôt agréable. Même si l'on reste encore très loin de la période de la consécration de la franchise (Advance Generation de 2003 à 2006) qui s'adressait vraiment à un public bien plus large qu'aujourd'hui, le long métrage se laisse regarder sans aucun déplaisir pourvu qu'on soit au moins fan des montres de poche. On appréciera d'autant plus son aspect hommage quand on sait qu'il est le dernier représentant d'une longue lignée de films qui a finalement très peu changé en vingt ans. Le changement a souvent du bon, j'espère donc que le cycle Soleil/Lune saura insuffler une véritable bouffée d'air à cette longue saga cinématographique en mal de renouveau. Rendez-vous donné dans un an !
Olivier J.H. Kosinski - 16 décembre 2016
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Doublage (France - 2016)
Sacha : Aurélien Ringelheim
Séréna : Sophie Frison
Lem : Thibaut Delmotte
Clem : Elsa Poisot
Jessy : Catherine Conet
James : David Manet
Miaouss : Philippe Tasquin
Pikachu : Ikue Ohtani
Pouic : Gregory Praet
Alva : Bruno Mullenaerts
Nikola : Robert Guilmard
Raphaël : Raphaëlle Bruneau
Le chasseur : Pierre Bodson
Volcanion : Martin Spinhayer
Narrateur : Michel Hinderyckx
Voix additionnelles :
- Julie Basezq
- Fabienne Loriaux
- Delphine Chauvier
- Frédéric Clou
- Jean-Marc Delhausse