Pompoko est sorti en salle le 18 janvier 2006 en France. Toutefois, comme Porco Rosso, un pilote de légende en son temps, ce film fut projeté dix ans auparavant sur le territoire français au Festival international du film d'animation d'Annecy en VOST où il remportera le premier prix en 1995.
Dans une montagne résident les tanukis, une espèce mi-raton-laveur mi blaireau. Comme dans les contes, les tanukis ont le pouvoir de changer de forme quand ils le désirent. Leur vie insouciante entrecoupée de batailles entre tribus ennemies leur fait ignorer la présence toujours plus proche des hommes, jusqu'au jour où ces derniers décident de faire de la montagne une ville. Les tanukis vont alors tenter d'effrayer les humains en jouant avec leurs pouvoirs extraordinaires. Cependant, il en faudra plus pour que les hommes renoncent à s'approprier l'espace offert par les forêts...
Parmi tous les longs métrages réalisés par le studio Ghibli, il y a trois films de leur catalogue que je n'ai jamais réussit à m'approprier. D'un côté, il y a Porco Rosso, un pilote de légende réalisé par Hayao Miyazaki que je n'arrive pas à comprendre, sans pour autant le renier, malgré toute la bonne volonté que je veux bien lui accorder. Il y a de l'autre le téléfilm Je peux entendre l'océan réalisé par Tomomi Mochizuki dont les propos m'énervent tout simplement et enfin, il y a Pompoko réalisé par Isao Takahata que je trouve tout bonnement insupportable à suivre. Si je lui reconnais une réalisation technique irréprochable, c'est surtout au niveau de sa narration que je trouve Pompoko exaspérant. Pompoko est en effet un long métrage foncièrement bavard, qui dit et redit continuellement les mêmes choses durant deux heures, sans jamais faire avancer son récit, là où un vrai documentaire de trente minutes aurait été autrement plus percutant. Cela avait été pénible de le découvrir la première fois, ça l'a été tout autant lorsque je l'ai revu bien des années plus tard dans l'intention d'en réaliser son analyse. Couplé à ma méconnaissance du folklore japonais, dont Pompoko regorge, j'ai donc décidé de prendre pour ce film une direction différente à mes autres analyses, en ne m'attardant que sur des points de détails qui m'ont interpellés, plutôt qu'à me livrer à une analyse complète que je ne parviendrais de toute façon pas à rédiger. Laissons Pompoko à ses bienheureux amateurs.
Pompoko mélange plusieurs histoires à l'intérieur d'une seule, mais ce qui domine est la grande importance donnée au fantastique, aux divinités et au respect des traditions antiques. Les héros de l'histoire sont ainsi des tanukis. Les tanukis sont des êtres imaginaires très communs dans le folkore japonais, aujourd'hui communément associés au chien viverrin pour leur physionomie. Ils ont la capacité de pouvoir changer de forme à volonté, tandis que les mâles de leur espèce peuvent également mettre à contribution leurs attributs masculins durant leurs métamorphoses. Il n'existe ni dans les contes européens ni dans leur folklore aucun équivalent aux tanukis, à la rigueur pourrait-on les comparer aux divinités grecques que sont Zeus et Protée, qui pouvaient eux aussi se métamorphoser à volonté. Dans Pompoko, les tanukis sont des êtres avisés qui, dans un premier temps, voient venir de loin les problèmes avec les humains mais préfèrent s'accommoder à leur mode de vie. Plus le temps passe, plus le danger menace. Quand le point de non retour est atteint, il est alors trop tard pour eux de réagir. Ils tentent alors un baroud d'honneur pour qu'on ne les oublie jamais, notamment par le biais d'un immense défilé fantasmagorique. Le destin est donc scellé assez tôt dans le film, puisque seuls deux choix s'offrent à eux : s'adapter ou mourir. Autre élément d'importance dans Pompoko, le parallèle qui est fait entre les tanukis et les humains. Le long métrage de Isao Takahata transfère sur les tanukis la passivité de l'être humain face à la destruction de la nature. Pompoko adopte ainsi un point de vue à la fois extérieur (les conséquences de la destruction d'un habitat naturel) et intérieur (l'expansion démographique nécessaire, l'oisiveté...).
Sur son aspect technique, le film ne peut rougir d'aucun défaut. Tout comme Souvenirs goutte à goutte réalisé trois ans plus tôt par Takahata, Pompoko alterne entre décors photo-réalistes et univers oniriques auxquels se rajoutent également une dimension légèrement délurée. Les tanukis font en effet tout leur possible pour masquer leur réelle apparence aux humains. Ainsi, dans le milieu urbain, ces derniers prennent la forme d'animaux sauvages au design très réaliste. Leur animation y est particulièrement soignée, tout comme leur comportement. Lorsqu'ils sont entre eux, les tanukis prennent une forme plus pittoresque, à mi-chemin de l'anthropomorphisme. Enfin, lors de leur défilé mais aussi dans leur campagne pour sauver leur habitat contre les humains, les tanukis adoptent des formes excentriques à la limite du burlesque, particulièrement lors de leur opération incongrue pour faire peur aux humains en faisant apparaître des fantômes. Le dernier point que j'évoquerai pour Pompoko sera consacrée à sa bande originale et à ses chansons. Le film s'ouvre sur une musique particulièrement entraînante et réjouissante, alors qu'elle accompagne normalement une séquence de bataille entre deux clans rivaux de tanukis. La mise en bouche est donc étonnante mais révélatrice de tout ce qui est entendu tout au long du film. La bande originale s'avère très hétéroclyte où se croisent comptines amusantes, musiques traditionnelles, bande son typique du carnaval de Rio, et même un semblant de balade évoquant le thème des Ewoks dans Star Wars ! Certains airs restent même en tête après avoir vu le film. C'est le cas de « Tombe la neige » par exemple qui ne contient pourtant qu'un unique couplet. Assez rares dans les films d'animation, les instruments à percussion sont particulièrement présents dans Pompoko, accentuant soit les scènes de fêtes soit les scènes d'action.
Pour en terminer avec ce film, qui m'aura donné beaucoup de mal dans la rédaction de sa fiche (4 semaines !), je dirais que je n'arrive à avoir aucune affinité avec Pompoko, ceci malgré les bonnes choses qu'il veut offrir. Je crois que ce qui me dérange le plus ce sont d'abord les intrusions pénibles du narrateur, beaucoup trop fréquentes et inutiles à mon goût et, ensuite, cet aspect nostalgique beaucoup trop prononcé autour d'un temps clairement révolu. Je ne suis pas nostalgique, préférant vivre avec mon époque, certes sans renoncer aux bons souvenirs, mais sans jamais me complaindre dans le passé. Tout au contraire du chef d'oeuvre qu'est Le tombeau des lucioles, qui racontait une époque trouble sans aucun effet superflus, Pompoko en est son exact opposé, nous disant clairement « c'était bien mieux avant » particulièrement durant les dernières quinze minutes où ce thème y est fortement exacerbé. De fait, il m'est impossible de m'immerger dans ce long métrage qui ne fait que m'ennuyer.
Olivier J.H. Kosinski - 13 mars 2015
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04 mars 2015
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Doublage (France - 2006)
Kiyo : Virginie Mery
Shokichi : Guillaume Orsat
Kincho : Michel Ruhl
Oroku : Perette Pradier
Osho : Henri Labussière
Gonta : François Siener
Otama : Barbara Tissier
Hage : René Lafleur
Seizaemon : Régis Lang
Présentateur TV : Mathias Kozlowski
Voix additionnelles :
- Pierre Laurent
- Patrick Mancini
Sources :
Planète Jeunesse