Elmo au pays des Grincheux est le second long métrage tiré de l'émission américaine pour la jeunesse Sesame Street. Le film sort en salle au Québec le 01 octobre 1999 puis, contrairement au premier film, celui-ci sort bien en France en salles le 15 mars 2000. Le film ne bénéficie cependant que d'un unique doublage réalisé en France.
Il est bleu, il est doux, Elmo l'aime plus que tout, c'est son doudou ! Un jour le doudou d'Elmo s'envole, atterit dans la poubelle d'Oscar et c'est le drame. Cette poubelle est en fait un portail magique vers le pays des Grincheux. Un univers sale, triste, dans lequel l'ignoble Huxley s'approprie tout. Pour récupérer son cher doudou Elmo va devoir affronter mille pièges dans ce pays où plus rien ne vous appartient...
Lorsque Follow That Bird est sorti en salles en 1985, déjà trois longs métrages des Muppets sous l'ère de Jim Henson l'avaient précédés. Étonnante coïncidence cosmique, Elmo au pays des Grincheux, deuxième long métrage inspiré par l'émission américaine pour enfants Sesame Street, sort à son tour juste après une seconde trilogie cinématographique des Muppets, cette fois sous l'ère de Brian Henson. A son tour, Disney a récemment produit trois oeuvres autour de Muppets, deux films et un téléfilm spécialement pour sa plateforme Disney+, et cela fait plusieurs années que des rumeurs courent sur la mise en chantier prochaine d'un troisième long métrage tiré de Sesame Street. Faut-il se hasarder à y voir un schéma récurrent ? C'est assez amusant de se faire cette réflexion quand on sait que le rapport de force des personnages n'est pas le même. Les Muppets compte finalement très peu de productions en leur nom propre, même s'ils ont un capital sympathie immense ainsi que plusieurs films à leur actif. A contrario, ceux de Sesame Street sont des piliers de la télévision pour enfants, cela fait plus de 50 ans que cela dure, mais ils n'ont eu droit qu'à deux films. Pourquoi y en a-t-il eu si peu ? Il faut déjà se remémorer le gros crash au box office de Follow That Bird qui avait mis à mal les finances de l'organisation à but non lucratif Sesame Workshop qui assure la gestion des personnages. Il aurait donc fallu attendre 14 ans pour qu'un nouveau film soit produit. Malheureusement pour lui, Elmo au pays des Grincheux va essuyer un nouveau crash au box office, malgré une sortie en salles internationale, encore pire que ne l'avait été son prédécesseur. Décidément, si Sesame Street est indéboulonnable sur le petit écran, le concept n'arrive vraiment pas à prendre sur le grand !
S'il y avait une très grande différence de tonalité entre la première et la seconde trilogie des Muppets, il est indéniable que l'on retrouve cette même flagrante démarcation entre Follow That Bird et Elmo au pays des Grincheux. Il y a eu une sorte de cassure très nette entre l'avant et l'après Jim Henson. Les années 1980 sont principalement marquées par une influence familiale, voire un peu plus adulte que la décennie suivante. Les années 1970 et 1980 dans le milieu du divertissement américain marquaient, plus ou moins, un passage de relais entre les anciennes et les nouvelles générations de réalisateurs. C'est dans cette tranche là que sont par exemple apparus de grands noms, comme Steven Spielberg ou Georges Lucas, qui ont beaucoup bousculé les codes du divertissement américain. On notera aussi que cette influence a beaucoup marqué le monde de l'animation également. Taram et le chaudron magique, bien qu'ayant essuyé un énorme échec, était plus mature dans son approche que les films d'animation du groupe qui l'avaient précédés. Don Bluth en a aussi fait sa marque de fabrique. On se souviendra des moments très sombres dans Brisby et le secret de Nimh et même Fievel et le nouveau monde. Mais la fin des années 1980 et le début des années 1990 ont changé la donne. Les artisans du renouveau d'hier changent un peu leurs fusils d'épaule, en partie parce que de nombreuses associations parentales se mettent à critiquer la violence de certaines oeuvres. Le petit dinosaure et la vallée des merveilles est le premier sacrifié sur l'autel de l'édulcoration. Steven Spielberg lui-même coupe près de 20 minutes au montage, pourtant finalisées, par peur de trop effrayer le jeune public et les associations parentales.
La deuxième trilogie des Muppets a considérablement assagi de la même manière les personnages, ce que Disney France a également fait en redoublant le Muppet Show pour faire sauter la plupart des blagues jugées un peu graveleuses. Quant aux films, s'ils ont gardé leur côté pince-sans-rire, ils ont beaucoup perdu de leur mordant. Elmo au pays des Grincheux c'est exactement le même phénomène qui se produit. Alors que Follow That Bird, malgré ses défauts, pouvait parfaitement être apprécié aussi bien par les adultes que les enfants, ce second film inspiré par Sesame Street déplace son curseur narratif inexorablement vers celui des enfants exclusivement. Dès lors, le long métrage, qui bénéficie pourtant d'une bien meilleure conception générale (ça déboîte visuellement, malgré quelques ratés au niveau de quelques effets spéciaux numériques), est globalement bien en dessous de son aîné. Ce dernier a pourtant un côté très désuet, même à l'époque de sa sortie en salle, qui ne fait cependant pas défaut dans la narration. Pire, le doublage français de Elmo au pays des Grincheux exacerbe encore plus ce côté "gami-niaiserie", alors qu'il compte de grands noms du milieu du doublage. Pour une raison qui m'échappe, tous les comédiens surjoue à outrance leurs rôles, ce qui rend les personnages quasiment idiot à l'écran, particulièrement Elmo qui devient même agaçant à la longue. Cela ne m'arrive que très rarement sur le site, mais une nouvelle rare fois, je vous recommande absolument de découvrir - si jamais ça vous tente, vous pouvez tout aussi bien passer le chemin - Elmo au pays des Grincheux exclusivement en version originale. Même les chansons en sont meilleures !
Puisque j'évoque si tôt la bande originale, faisons une entorse en parlant d'abord d'elle avant de parler du scénario tout en posant une question qui, a priori, semble sans rapport : sauriez-vous me dire en quoi l'on sait qu'un film, comme Le Roi Lion dont le choix n'a absolument aucun rapport avec le hasard, a considérablement marqué son temps ? Parce que l'influence du film Disney a été telle que cela a fortement déteint sur de nombreuses productions concurrentes. Vous allez naturellement vous demander quel rapport il peut bien y avoir avec Elmo au pays des Grincheux. Et bien, parce que la bande originale de ce long métrage ressemble, parfois à s'y méprendre, à un prolongement des deux albums commerciaux du film d'animation Disney. Je ne m'explique pas ce choix de mimétisme flagrant, si ce n'est qu'à l'époque, Le Roi Lion reste un vrai phénomène de société, auprès des enfants tout autant qu'auprès des adultes, ce qui a mis l'eau à la bouche des concurrents. Pour en revenir à Elmo au pays des Grincheux, le premier titre du film "Together Forever" fait un peu penser à "Upendi" de Le Roi Lion 2. "Take the First Step", c'est une variante à peine déguisée de "Le lion est déjà mort ce soir" avec un tempo plus rapide. "I See A Kingdom" est un mélange détonnant entre "Le cercle de la vie", "Je voudrais déjà être Roi" et "L'amour brille sous les étoiles". Alors, oui, évidemment, ce n'est pas du 100% plagiat, Disney aurait sans doute envoyé une masse d'avocats, il n'empêche l'influence est terriblement palpable dans le choix des instruments, du rythme, voire même des choeurs africains propre à l'univers de Le Roi Lion. Seule exception au tableau, "Welcome to Grouchland" détonne par son mimétisme avec... "Honneur à tous" de Mulan également de Disney. Au-delà de ce constat, j'avoue que la bande originale, en version anglaise, reste tout de même très agréable à écouter. Évitez la version française, par contre, vos oreilles vous remercieront.
Pour ce qui est du scénario, Elmo au pays des Grincheux est à l'image de Follow That Bird. Il s'agit une nouvelle fois d'un long métrage à dominante éducative où les artistes de Sesame Street veulent apprendre une nouvelle leçon de vie aux enfants. Ce coup-ci, le petit personnage tout rouge prénommé Elmo perd son doudou, tout du moins sa couverture de réconfort qui l'accompagne partout où il va, récupéré par l'odieux collectionneur d'objets Huxley après un florilège de concours de circonstances malheureux. Et le voilà parti affronter toute une série d'épreuves étranges, surtout pour un si jeune enfant, afin de pouvoir récupérer son doudou. L'idée n'est pas mauvaise, d'autant que le film est plein d'entrain, grâce à ses chansons en premier lieu, mais aussi par les rencontres amusantes que fait Elmo. Toutefois, je suis ressorti du film quelque peu perplexe, car la mise en contexte initiale s'avère finalement plutôt incohérente avec la résolution finale. Huxley est en effet dépeint comme le reflet d'Elmo dans sa façon de s'accaparer les objets des autres. Le long métrage veut expliquer aux enfants qu'il faut savoir partager. Le problème résulte dans l'idée de départ, où le doudou d'Elmo lui est dérobé, après un quiproquo avec son amie Zoe et qu'il cherche avant tout à retrouver son objet d'affection, alors que Huxley vole les choses par pur plaisir de le faire. Les deux personnages n'ont donc rien en commun à mon sens, mais mon interprétation est peut-être erronée.
En baissant considérablement le curseur du public vers lequel Elmo au pays des Grincheux s'adresse, l'équipe de Sesame Street rate inexorablement le coche pour cette seconde grande aventure cinématographique. Franchement, c'est vraiment dommage, car, cette fois, le long métrage est très abouti sur le plan technique. Mais le public ne dépasse clairement pas les plus jeunes, 4 à 6 ans je dirais, ce qui transforme le long métrage en une simple grosse aventure télévisée de luxe des personnages de Sesame Street. Il y a de la bonne humeur, une bonne ambiance, des chansons sympathiques, mais absolument rien d'autre qui justifie sa sortie au cinéma. Désormais disponible en vidéo ou sur les plateformes de vidéo à la demande, Elmo au pays des Grincheux devrait toutefois faire le bonheur de vos petites têtes blondes. Il me semble que, si jamais un troisième opus venait à sortir, cela restera un bien meilleur moyen de diffusion que d'en faire une nouvelle aventure au cinéma. A moins d'en changer la perspective du public auquel il s'adressera. Ce qui n'est pas gagné avec Sesame Street.
Olivier J.H. Kosinski - 25 mai 2024
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Doublage (France - 2000)
Elmo : Emmanuel Curtil
Big Bird : Emmanuel Curtil
Telly : Edgar Givry
Huxley : Pierre-François Pistorio
Maire de Grinchville : Patrick Guillemin (Dialogues)
Maire de Grinchville : Pierre-François Pistorio (Chant)
Oscar : Patrick Guillemin
Ernie : Patrick Préjean
Chenille : Patrick Préjean
Maria : Danièle Hazan
Zoé : Marie-Charlotte Leclaire
Macaron : Pascal Renwick
Gordon : Jean-Louis Faure
Grover : Michel Mella
Mauvaise herbe : Éric Metayer
Sharon Groan : Éric Metayer
Toccata : Jean-Claude Donda
Bart : Jean-Claude Donda
Bébé Ours : Jean-Claude Donda
Policier Grincheux : Jean-Claude Donda
Voix additionnelles :
- Kelly Marot
- Sophie Riffont
- Emmanuel Garijo
- Pascale Vital
- Manon Azem
- Luq Hamet
- Richard Lerousseau
- Barbara Tissier
- Emmanuel Fouquet
- Gérard Rinaldi
- Bernard Demory
- Jules Azem
- Arthur Redler
- Kim Redler
- Arthur Douieb
- C. Tomal
- Annie Milon
- Denis Boileau
- Marie Vincent
- Mimi Félixine
- Ludivine Sagnier
Chanteurs :
- Daniel Beretta
- Claude Lombard
- Anne Papiri
- Patrice Schreider
- Naïké Fauveau
Sources :
Forum Doublage France