Basket Spatial - Une nouvelle ère sort en salle au Québec le 16 juillet 2021. En France, c'est le 21 juillet 2021 qu'il est proposé en salle sous le titre de Space Jam - Nouvelle ère. Le long métrage dispose de deux doublages francophones ce qui permet d'entendre les Looney Tunes parler avec des voix différentes, ce qui n'était plus arrivé depuis le doublage québécois de Qui veut la peau de Roger Rabbit en 1988.
LeBron et son jeune fils Dom sont retenus prisonniers dans un espace numérique par une intelligence artificielle malveillante. Le joueur de basket doit ramener son fils sain et sauf chez lui, en faisant triompher Bugs Bunny et ses camarades Looney Tunes face aux champions numérisés de l'intelligence artificielle...
Amoureux de longue date des Looney Tunes, je n'ai pourtant jamais aimé Space Jam. Il m'a fallu de longues années pour arriver à pondre une analyse de ce film sur le site. Cela avait été éprouvant au point d'espérer ne plus jamais avoir à le refaire. Sauf que l'idée d'une suite a toujours été dans les cartons de Warner Bros, comme un fourbe serpent de mer près à bondir sur sa victime à tout moment. Plus de deux décennies plus tard, Space Jam - Nouvelle ère est finalement devenu une réalité. Méfiant de nature, au vu du désastre qu'était le premier film, j'ai freiné des quatre fers pour éviter autant que possible de devoir croiser sa route, en choisissant les chemins détournés et les fausses excuses. Finalement, il m'a semblé qu'il serait préférable d'évacuer le problème le plus tôt possible pour ne plus avoir à jouer les filles de l'air en le voyant apparaître au coin de la rue. Car, après tout, ça ne pouvait pas être pire que le premier film. Je m'attendais à tout sauf à me prendre une claque monumentale en pleine face ! Space Jam - Nouvelle ère arrive à prouver que même en étant tombé au fond du trou, Warner Bros est capable de continuer à creuser encore plus profond. Mais quelle expérience tout aussi horrible cela a été...
Space Jam - Nouvelle ère réussit l'exploit impossible de réunir dans une même intrigue tous les travers de son aîné en y ajoutant une surcouche supplémentaire totalement surréaliste. Rien ne va dans ce long métrage, à commencer par son protagoniste principal, LeBron James, dont l'aura n'est clairement pas la même que Michael Jordan en son temps. En 1996, Michael Jordan était un sportif de haut niveau mais, surtout, une véritable star internationale rayonnant bien au-delà du milieu du basket. Un peu à la manière d'un Mickey, d'un Hercule Poirot, d'un Pikachu ou d'une Lara Croft dans l'univers de la fiction dont tout le monde connaît leurs noms sans même s'intéresser aux médias où ils sont apparus, Michael Jordan était déjà en 1996 une grande personnalité internationale qui s'était hissée par delà le seul milieu sportif. Et cela même si sa filmographie était totalement inexistante, Space Jam ayant été son premier et son seul grand rôle. Ce n'est pas le cas de LeBron James qui, sans remettre une seule fois en question ses prestigieuses récompenses et talents, reste un parfait inconnu en dehors des Etats-Unis et du milieu sportif. Comme Michael Jordan avant lui, Space Jam - Nouvelle ère est son premier vrai grand rôle en tant que comédien qu'il peine tout autant à rendre convainquant. A cela s'ajoute l'écriture désastreuse de son personnage qui ne fait que renforcer d'autant plus la débilité de l'ensemble du film.
Probablement conscient que LeBron James ne suffisait pas à attirer les foules à l'international, Warner Bros lui colle donc dans les pattes un gosse dont les tourments existentiels sont affreusement risibles. Risibles dans le sens où la relation conflictuelle entre le père star internationale du basket face au fils enclin aux technologies informatiques est à la fois d'une banalité affligeante, comme la fiction américaine nous en pond des centaines identiques chaque année, mais également complètement idiote dans son schéma narratif. Cela se résume à une IA qui disjoncte, enlève le gamin, propulse le père dans l'univers des Tunes et décide de faire un match pour dominer le monde. Euh, d'accord et ensuite ? Space Jam - Nouvelle ère a deux heures à faire avec ça mais n'y arrive jamais. Le film meuble avec du vide, recours au fan service inutile et malvenu, met plus d'une heure à expliquer que le père et le fils sont en conflit (on avait compris dès l'intro) avant d'entrer dans le vif du sujet. Mais c'est une fausse illusion puisqu'on repart dans 45 minutes de péripéties prévisibles, inconsistantes et sans aucune saveur. Space Jam - Nouvelle ère n'a aucun enjeu, rien à raconter, les Tunes sont extrêmement mal exploités une fois de plus et, pendant ce temps, LeBron James se démerde à essayer de composer avec un rôle qui a tout d'une coquille vide.
Sur le plan technique et nostalgique, Space Jam - Nouvelle ère échoue également sur tous les plans. Il faut dire que depuis quelques années, les crossovers les plus improbables sont devenus monnaie courante. Dans les cas les plus récents, on a déjà eu Ralph dans le milieu des jeux-vidéo et d'Internet, sans oublier le cas Ready Player One de Steven Spielberg qui était déjà un immense fourre-tout sans âme. Arrivant plusieurs années après, Space Jam - Nouvelle ère sens juste le réchauffé, mais avec des ingrédients appartenant exclusivement à Warner Bros. De fait, le long métrage se transforme en une sorte de vitrine qui fait constamment sa propre auto-promotion. C'est extrêmement malaisant, d'une part parce que le propos du film n'est jamais une seule fois intégré dans le registre parodique (tout au contraire, l'intrigue se veut sérieuse), d'autre part, parce que le scénario du film ne justifie à aucun moment le recours à ses innombrables références (Salut Scooby, qu'est-ce que tu fous là ?). Tout le contraire de Ready Player One qui lui, au moins, assumait pleinement le côté nostalgique tout en embrassant une logique narrative imparable. Space Jam - Nouvelle ère en devient grotesque quand on remarque que même les figurants du film portent des costumes ridicules à peine dignes des pires cosplays. Ce qui, a priori, est effectivement le cas, car je soupçonne que Warner Bros a demandé à des fans de venir jouer les figurants avec leurs propres costumes pour leurs scènes de foule. Et ils sont tous mauvais dans leurs rôles. Où est donc passé le budget du film ? Dans le salaire de LeBron James et les effets spéciaux qui meublent ce film vide ? Même les Looney Tunes en 3D ne sont pas spécialement agréables à regarder, particulièrement Bugs Bunny.
Pire encore, Space Jam - Nouvelle ère ne sait pas du tout quoi faire des Looney Tunes. Leur seule présence à l'écran se résume à y apparaître parce qu'ils étaient les vedettes du premier film, point. Ils n'ont ici aucune légitimité. Leur présence semble même, en fin de compte, presque incongrue comme le thème du basket, des héritages visiblement malheureux du premier film que Warner Bros a absolument voulu conserver alors qu'ils ne rentraient pas dans le canevas du second film. Les scénaristes ont eu un mal fou à trouver une quelconque utilité à ses plus anciens et illustres personnages. Un comble ! Il en résulte alors un désastreux bricolage où chaque personne se voit dotée d'une scène introductive parodique inspirée par les plus grands films de Warner Bros. Si ça marche dans le cadre des bandes annonces, ça n'a absolument aucun intérêt dans le film. C'est juste du vent. Encore plus gênant, Space Jam - Nouvelle ère redéfinit assez sournoisement la personnalité de certains personnages. Qui ne sera pas choqué de voir Mémé devenir violente ou frapper un autre Tunes sans ménagement, alors que jamais aucune autre oeuvre la mettant en scène ne l'a jamais montré ainsi ? Chacun des héros est ici réduit à de la figuration de luxe, enchaînant des pitreries qui ressemblent surtout à de pâles imitations. Les Looney Tunes ne sont plus que les ombres d'eux-même. Quel constat affreux.
Sur le plan technique, Space Jam - Nouvelle ère est un déluge numérique grandiloquent et moche à pleurer. Le genre d'oeuvre fourre-tout dont la dégénérescence visuelle arrivera dans quelques années seulement. Même chose du côté de la mise en scène brouillonne et faiblarde. Pour filmer les vrais comédiens, peu importe que la scène comporte des effets spéciaux ou non, ce qui prime c'est de toujours faire des gros plans sur eux, surtout sur LeBron James dont on nous fait une promotion appuyée et fatigante sur sa carrière (Michael Jordan n'avait pas eu droit à ce traitement, c'était avant tout une personne célèbre simplement propulsée chez les Tunes). Le reste du temps, le long métrage se contente d'incruster un unique comédien au milieu d'un joli fond d'écran en 3D avec une absence complète d'interaction entre les deux. Space Jam, comme Qui veut la peau de Roger Rabbit avant lui, avaient recours aux effets spéciaux traditionnels pour rendre crédible l'interaction entre les personnages irréels et les personnages réels. Aujourd'hui encore, l'ingéniosité de ses scènes est toujours criante de réalisme. A l'ère du tout numérique, Space Jam - Nouvelle ère est factice à tous les niveaux. De fait, on n'y croit pas un seul moment. Ce sont juste des comédiens jouant devant des fonds verts. L'intégration des personnages numériques sur les scènes de foule sont d'ailleurs les plus laborieuses, or ce sont les plus nombreuses dans la seconde partie du film. Ça fait saigner les yeux.
Difficile de trouver quoi que ce soit de positif dans Space Jam - Nouvelle ère. J'aurais pu gentiment dire que retrouver les voix françaises récentes des Looney Tunes serait un bon point, mais il faut admettre qu'ils semblent tous ici extrêmement fatigués par les personnages. Vu que ça fait 26 ans qu'ils ont évincé les comédiens originaux justement dans le premier film, il serait temps qu'on en change à nouveau pour leur redonner un nouveau souffle. La version québécoise est déjà un bon point en soi. Les Looney Tunes écartés, l'aspect nostalgique et hommage appuyé au patrimoine de Warner Bros me laissant de marbre, que reste-t-il à quoi se raccrocher ? LeBron James ? J'hésite entre le fait qu'il soit extrêmement mauvais comédien ou bien parce que son personnage a été écrit avec les pieds. C'est peut-être même les deux à la fois. Le reste de la distribution ? Pas mieux. L'aspect esthétique ? Certainement pas tellement ça donne la nausée. L'aspect musical ? Y'a de la musique sous cette cacophonie sonore ? Le retour d'une animation 2D des personnes ? A peine digne d'un épisode de série télévisée et inférieure au premier film. Non, franchement, Space Jam - Nouvelle ère est un bien pire désastre que l'était déjà son prédécesseur. Rien n'égalera la madeleine de Proust qu'était Les Looney Tunes passent à l'action, honnis unanimement par le public et les critiques malgré ses qualité indéniables, et qui restera à jamais le seul film fidèle à la gloire des Looney Tunes.
Olivier J.H. Kosinski - 21 avril 2022
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Doublage (Québec - 2021)
Lebron James : Fayolle Jean Jr.
AI-G : François L'Ecuyer
Bugs Bunny : François Sasseville
Dom James : Loïc Moënner
Lola Bunny : Geneviève Bédard
Daffy Duck : Hugolin Chevrette
Malik : Lyndz Dantiste
Kamiyah James : Florence Blain Mbaye
Porky Pig : Gardy Fury
Coach C : Widemir Normil
Doublage (France - 2021)
LeBron James : Sama Jackson
AI-G : Sydney Kotto
Bugs Bunny : Gérard Surugue
Dom James : Enzo Ratsito
Daffy Duck : Emmanuel Garijo
Taz : Emmanuel Garijo
Malik : Jean-Michel Vaubien
Lil Rel Howery : Eilias Changuel
Ernie Johnson : Gérard Darier
Porky Pig : Michel Mella
Speedy Gonzales : Michel Mella
Lola Bunny : Angèle Van Laeken
Kamiyah James : Annie Milon
Shanice James : Géraldine Asselin
Xosha James : Cerise Vaubien
« Mister V » : Yvick Letexier
Elmer Fudd : Patrice Dozier
Producteur exécutif de la Warner : Benoît Du Pac
Sam le pirate : Patrick Préjean
Sylvestre : Patrick Préjean
Mémé : Barbara Tissier
Titi : Patricia Legrand
Charlie le coq : Benoît Allemane
Marvin le Martien : Jean-Loup Horwitz
Rick Sanchez : Alain Eloy
Morty Smith : Thibaut Delmotte
Yogi l'ours : Richard Darbois
Fred Pierrafeu : Xavier Fagnon
Wonder Woman : Ingrid Donnadieu
Sources :
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