Tous à l'Ouest - Une aventure de Lucky Luke est le second long métrage d'animation réalisé par le studio français Xilam. Il s'agit d'une très libre adaptation de la 38e aventure de Lucky Luke, La Caravane, dessinée par Morris et écrite par René Goscinny. Il sort en salle le 05 décembre 2007 en France et le 21 Décembre 2007 au Québec.Le film fait également suite à la série animée Les nouvelles aventures de Lucky Luke, bien qu'il ne reprenne quasiment aucun de ses comédiens français. Fait rare pour être souligné, surtout pour un film d'animation français, le long métrage dispose aussi d'un doublage au Québec.
New York, 1855. Lucky Luke escorte les Dalton pour un énième procès. Inévitablement, les quatre affreux s'évadent et pillent en règle les nombreuses banques de la future Grosse Pomme. La police à ses trousses, Joe Dalton planque le magot dans le chariot d'une caravane d'immigrants en partance pour la Californie. Bon gré mal gré, sous l'oeil attentif du cow-boy solitaire, les Dalton s'intègrent dans la caravane...
Lucky Luke et moi n'avons jamais été très intimes. C'est peut-être générationnel car j'ai toujours eu beaucoup de mal avec ses autres contemporains, tels Spirou et Tintin que je n'ai jamais beaucoup plus affectionnés non plus. Mais des trois, Lucky Luke a toujours été celui que j'ai toujours le plus tenu à l'écart. Je ne sais pas exactement pourquoi. Peut-être est-ce lié à l'univers du Far West, des Cowboy et des Indiens qui ne m'a jamais transporté. Pour autant, j'ai déjà vu quelques unes de ses adaptations, sous la forme de séries télévisées ou bien de ses longs métrages, mais je n'en ai gardé à chaque fois que très peu de souvenirs. Puis est venu le studio Xilam qui a récupéré les droits d'adaptation pour produire Les nouvelles aventures de Lucky Luke à partir de 2001. Le maître mot de cette reprise à la télévision était de dépoussiérer complètement le personnage et ses aventures, dans un style beaucoup plus déluré, plus proche des productions de ce studio à cette époque. Car Xilam, c'est le génial inventeur de Les Zinzins de l'espace, Oggy et les Cafards, Toupou, Ratz, Shuriken School, Magic ou encore Zig & Sharko. Dans un sens, à ses débuts en tout cas, le studio Xilam s'est efforcé de revenir aux sources de l'humour absurde de Tex Avery ou des irrévérencieux Looney Tunes. Je me souviens assez bien que beaucoup de puristes avaient d'ailleurs conspué le parti pris artistique adopté pour Les nouvelles aventures de Lucky Luke. Mais, là encore, même si je trouvais la série assez amusante, il faudra vraiment attendre 10 ans plus tard pour que je plonge véritablement dans sa succulente petite soeur, à savoir Les Dalton, qui n'aura duré que 2 ans mais offert de mémorables défouloirs.
Pour en revenir à Les nouvelles aventures de Lucky Luke, alors même que la série a plutôt fait grincer des dents certains puristes en France, il est indéniable qu'elle a su trouver sa place parmi les spectateurs francophones, mais aussi à l'étranger. Parmi les changements majeurs, Xilam choisit de n'adapter aucun des nombreux albums directement. Le studio en reprend cependant quelques idées, comme ce code de couleurs caractéristique lorsque les personnages perdent leur sang froid, passant du rouge au vert, voire au jaune, selon les circonstances. Pour le reste, l'intégralité des 52 épisodes que compte la série va proposer des intrigues inédites, bien qu'elles puisent quelques idées et personnages des albums. Et la formule va fonctionner au-delà des espérances du studio Xilam, puisque la série fait de très belles audiences dans tous les pays où elle est diffusée. Comme il est généralement toujours de tradition, quand une série pour enfant fait un carton à la télévision, il en découle naturellement une adaptation pour le cinéma. Xilam voit les choses en grand pour Tous à l'Ouest, d'autant que cela fait près de 25 ans - hors adaptation live avec Terence Hill - qu'il n'y avait pas eu d'autres longs métrages autour du personnage. Bénéficiant d'un budget relativement confortable de 15 millions d'euros, toute la production est réalisée en France, ce que seul le célèbre Astérix avait bénéficié jusque-là. C'est la première fois pour le studio Xilam alors que leur précédente réalisation, Kaena, la prophétie (premier film d'animation entièrement 3D français), était une co-production européenne. En toute sincérité, cela se ressent que Tous à l'Ouest a bénéficié d'un soin attentif de la part du studio.
Cependant, tout n'est pas rose dans Tous à l'Ouest à commencer par ce choix, volontaire par la production mais clairement discutable, d'avoir écarté tous les comédiens de la série télévisée, à l'exception de Bernard Alane. A mon sens, il s'agit là de la plus grosse faute de goût de la part de Xilam car Tous à l'Ouest est censé être la suite, directe comme spirituelle, de Les nouvelles aventures de Lucky Luke. D'après leurs interviews, on comprend aisément que Xilam a cherché à réunir un ensemble de comédiens qui n'étaient pas spécialisés dans le doublage. En mettant de côté le malentendu que provoque ce type de discours, laissant entendre qu'un comédien de doublage n'est pas capable de jouer la comédie, on se rend surtout compte que la sélection semble surtout avoir été faite pour avoir des noms célèbres à accoler pendant la promotion du long métrage et sur les affiches. C'est regrettable tant ça ressemble à un malencontreux pied de nez aux nombreux fans de la série télévisée. Cela n'en retire pas le talent avec lequel chacun des comédiens du film se démène pour livrer une belle interprétation des personnages, mais tout de même, c'est réellement un acte manqué. L'autre problème de Tous à l'Ouest réside dans sa structure. Xilam se piège lui-même dans un malheureux entre-deux où les scènes sérieuses ont beaucoup de mal à s'intégrer entre les scènes burlesques. Le long métrage souffre d'un assez gros problème de rythme, ce qui ne permet pas de rendre honneur ni à l'un ni à l'autre de ses deux aspects.
Tous à l'Ouest se rattrape cependant à la balustrade en mettant en scène des codes comiques propres à ceux de la bande dessinée à ses origines. C'est bourré de clichés, beaucoup de blagues se situent sous la ceinture que seuls les adultes peuvent distinguer et il n'est pas rare que le film se donne des airs quelque peu sexistes. De nos jours, il est indéniable que ce type d'humour aurait été remis en cause par de nombreux critiques, car on ne peut pratiquement plus rire de tout, mais ce n'était pas encore le cas en 2007. Pourtant, il ne faut rien y voir de plus qu'un humour bon enfant qui joue sur le contraste entre ce qu'on attend des personnages et ce que le long métrage nous montre. Je trouve que cela fonctionne très bien. Autre aspect réussi de Tous à l'Ouest, son aspect graphique. Les nouvelles aventures de Lucky Luke avait un certain style, mais restait quand même assez désuète en 2001, sans doute pour respecter les codes de la bande dessinée. A cela s'ajoutait la production en 4/3, propre aux productions télévisée du siècle dernier où le standard panoramique n'était pas encore installé dans tous les foyers. Tous à l'Ouest est encore aujourd'hui une oeuvre extrêmement qualitative, preuve que le confortable budget alloué au film ne fut pas dépensé à la légère. On sent vraiment que tous les artistes chez Xilam ont vraiment pris soin d'offrir un très beau film d'animation qui tient toujours la route plus de 15 ans plus tard. Dernier aspect que je trouve appréciable, l'antagoniste Edgar Crook du film ressemble beaucoup à l'antagoniste Nelson Pokerface présent dans le tout premier épisode de la série télévisée, tous les deux d'ailleurs joués par Edgar Givry, même si Xilam brouille les pistes en prétendant qu'ils sont deux personnages différents. J'aime à penser qu'il s'agit au contraire du même bonhomme, sous une nouvelle identité, ce qui permet de faire le lien entre la série et le film.
Malgré tout le soin qu'apporte le studio Xilam au long métrage, Tous à l'Ouest va subir une énorme déroute au box office. Une malédiction qui semble systématiquement frapper tous leurs longs métrages, alors qu'ils produisent des séries qui offrent d'excellentes audiences à la télévision. Un véritable paradoxe. Je ne saurais dire ce qui a entraîné un tel flop pour Tous à l'Ouest, car le long métrage s'avère plutôt bon dans son ensemble. Hormis les quelques ratés détaillés plus haut, je dirais que la bande originale, signée Hervé Lavandier pourtant très bon sur d'autres productions jusque là, est peut-être en faute. Même si elle est amusante à écouter, elle ne semble pas vraiment s'accorder avec l'esprit aventureux de l'intrigue, ni faire ressortir le road movie à travers l'ouest américain. Trop disparate et sans mélodie pouvant servir de film conducteur, la bande originale ne parvient pas à transcender ce qu'on nous montre à l'écran. C'est dommage, car Tous à l'Ouest offre régulièrement de très beaux panoramas de l'ouest américain. Malgré tout, Tous à l'Ouest reste une belle oeuvre animée française à la hauteur du mythe qu'est Lucky Luke.
Olivier J.H. Kosinski - 02 mars 2025
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Doublage (France - 2007)
Lucky Luke : Lambert Wilson
Joe Dalton : Clovis Cornillac
Averell Dalton : Bernard Alane
William Dalton : Alexis Tomassian
Jack Dalton : Christophe Lemoine
Edgar Crook : Edgar Givry
Harold Bartleby : Michael Lonsdale
Jolly Jumper : Adrien Antoine
Rantanplan : François Morel
Monsieur Pierre : Titof
Piotr & Tang : Eric Metayer
Miss Littletown : Dorothée Pousseo
Spike Goodfellow : Jean Piat
Molly : Dee Dee Bridgewater
Louise de Paname : Marie Vincent
Ugly Barrow : François Siener
Loup cinglé : Jacques Frantz
Old Timer : Pierre Baton
Policier à New-York : Yves-Robert Viala
Directeur du cirque : Jacques Obadia
Costaud du Saloon : Marc Alfos
Avocat de l'accusation : Saïd Amadis
Morris : Julien Chatelet
Goscinny : Julien Chatelet
Barman : Michel Vigné
Shérif : Michel Vigné
Caissier de la banque : Jean-Marc Pannetier
Vrai Faucon : Luc Boulad
Le juge : Sylvain Courthay
Voix additionnelles :
- Paul-Alexandre Bardela
- Gabriella Bonavera
- Bénédicte Bosc
- Vincent Cappello
- Georges Claisse
- Laurent Claret
- Candice Crosmary
- Igor De Savitch
- Emma Debarnot
- Nathalie Duverne
- Manoëlle Gaillard
- Armelle Gallaud
- Grégory Garnier
- Iannis Guerrero
- Donat Guibert
- Catherine Hosmalin
- Jean-Marie Ianka
- Louis Lecordier
- Julien Lucas
- Patrice Melennec
- Isabelle Miller
- Hélène Otternaud
- Benjamin Penamaria
- Zoé Requeplot
- Patrick Sadoun
- Marc Séclin
- Doris Streibl
- Arlette Thomas
Doublage (Québec - 2007)
Lucky Luke : Stéphane Rousseau
Joe Dalton : André Ducharme
Averell Dalton : Bruno Landry
Jack Dalton : Guy A. Lepage
William Dalton : Yves Pelletier
Bartleby : Bernard Fortin
Jolly Jumper : André Ducharme
Rantanplan : Yves Pelletier
Ugly Barrow : Bruno Landry
Loup Cinglé : Bruno Landry
Piotr : Yves Pelletier
Monsieur Tang : Yves Pelletier
Spike Good : Yves Pelletier
Little Town : Éveline Gélinas