Initialement prévu pour sortir en fin d'année 2014, En route ! a été repoussé au 28 mars 2015 au Québec et au 15 avril 2015 en France. Pratiquement un an et demi avant sa sortie en salle, Dreamworks a dévoilé un court métrage intitulé En route ! (Enfin presque...) qui existe en version québécoise et en version française, la seconde ayant été diffusée sur Gulli. Devant à l'origine servir d'introduction au long métrage, c'est finalement devenu un court métrage entièrement indépendant. Il s'agit donc désormais d'une version alternative de l'arrivée des Boov sur Terre.
Les Boov, sympathique race d'aliens, débarquent sur Terre pour se cacher de leurs ennemis. Mais lorsque l'un d'eux, Oh, révèle accidentellement leur cachette, il se voit forcé de fuir avec une adolescente, Tif. Ils vont devenir d'improbables complices embarqués dans l'aventure de leur vie !
Depuis Les cinq légendes en 2012, Dreamworks Animation SKG est sur la pente descendante. Jeffrey Katzenberg a même tenté, sans succès, de se débarrasser du studio trop moribond à son goût contrairement à ses débuts fracassants. Les Croods a certes créé la surprise, mais depuis, aucun de leurs films n'amasse le public américain, y compris le merveilleux Dragons 2. Sentant visiblement l'important manque à gagner en plaçant un nouveau film d'animation dont l'aura est peu connue, Dreamworks décide donc d'inverser l'ordre des sorties en salles de Les pingouins de Madagascar et de En route !. Effectivement, stratégiquement parlant, l'idée n'était pas si mauvaise tant la sympathie pour le quatuors de manchots (je rappelle que ce ne sont pas des pingouins !) est grande auprès du public. Patatrac, Les pingouins de Madagascar n'arrivent pas non plus à faire l'unanimité sur le territoire américain. Le studio est dès lors obligé de revoir complètement sa stratégie sous peine de couler par excès de zèle. Pour recapitaliser au plus vite, il est ainsi décidé de multiplier les produits dérivés, notamment avec plusieurs séries télévisées inspirées de leurs longs métrages, qu'ils aient ou non rencontrés le succès en salle. Dreamworks mise également tout sur le marché émergeant chinois, qui réussit presque à lui seul à maintenir le studio à flot. A tel point d'ailleurs que Kung Fu Panda 3 est développé conjointement avec la Chine ! Enfin, le studio d'animation remet à plat son planning. Il abandonne l'idée irrévérencieuse de placer trois longs métrages par an, passant seulement à deux, si possible en alternant une franchise très connue et une moins connue. En route ! se positionne donc naturellement comme le premier film de la nouvelle stratégie Dreamworks.
En arrivant à synthétiser le meilleur, comme le pire, de son savoir faire, le studio emblématique réussit finalement à redresser la barre avec En route !. En proposant un film plus léger que d'ordinaire, ne faisant pas non plus dans la surenchère, le long métrage réussit à rentrer tout juste dans ses frais sur le territoire nord-américain, alors qu'il va pourtant diviser les critiques. Une victoire un peu amère pour Dreamworks, qui ne juge la qualité et la rentabilité de son film qu'uniquement sur son propre territoire. D'autant que la France ne lui donnera pas vraiment un accueil des plus favorables, En route ! est ainsi placé dans la moyenne des films les moins populaires de la marque. De fait, le long métrage ne sort pas Dreamworks du rouge auprès des créanciers. C'est bien dommage car, finalement, l'improbable duo formé à l'écran par un humain et un extraterrestre fonctionne parfaitement. Ce qui permet de passer un agréable moment devant l'écran, quitte à mieux tolérer les gros points noirs du film. Reconnaissons d'ailleurs que la bande annonce du film est des plus trompeuses, égarant le spectateur vers une idée de scénario qui n'a finalement rien à voir avec le film ! Un comble. En réalité, il s'agit ici de l'histoire d'une jeune fille oubliée et séparée de sa mère, qui croise le chemin d'un Boov qui tente de fuir ses congénères suite à un malencontreux message envoyé à leurs pires ennemis les Gorgs. Au final, En route ! raconte simplement une histoire de tolérance et de découverte inter-espèce, quelque chose de très classique au cinéma mais qui fonctionne presque systématiquement.
Si Tif et Oh, ainsi que les personnages secondaires de Lucy et du chat Porky, bénéficient visiblement d'un vrai traitement de faveur de la part de Dreamworks en ce qui concerne leur apparence, leur animation, leurs expressions et même leur comportement, c'est beaucoup moins vrai concernant les autres personnages. Bien que la structure des corps reprend, plus ou moin, celle que l'on trouvait déjà dans Les Croods (Têtes et corps disproportionnés), elle est étrangement plus agressive au regard dans En route !. En cause : l'abondance des humains à l'écran. Dans Les Croods, nous avions peu de personnages, tous avaient donc été soignés dans les moindres détails. Ici, c'est tout le contraire. Hormis les quatre personnages cités plus haut, tous les autres ne sont que de multiples clones, n'ayant que quelques légères variantes afin de simuler la foule. Malheureusement trop souvent, ces personnages d'arrière plans sont disgracieux et mal animés. On retrouve la même chose pour les Boov, mais l'approche est différente. D'une part, ce sont des aliens, et d'autre part, ce mimétisme est volontaire. Oh devait obligatoirement se démarquer de ces congénères afin de ressortir de la masse informe. Heureusement, ce gros point noir est contrebalancé par l'ingéniosité des décors terriens, revus et corrigés à la sauce Boov. On ne s'étonnera pas de voir la statue de la liberté remodelée, la tour Eiffeil flotter en l'air et plus amusant encore, découvrir que la voiture de Tif a gagné une étonnante personnalité. Cette voiture semblant soudain habitée par une âme, souriante, riante ou effrayée selon la situation dans laquelle elle est confrontée !
Du côté de sa bande origine, plus particulièrement de ses chansons, En route ! laisse un temps dans la plus grande perplexité. Au premier visionnage, particulièrement durant la première moitié du film, le long métrage semble avoir été conçu comme un grand vidéoclip destinée à promouvoir la célèbre Rihanna qui interprète une partie des chansons du film tout en jouant le rôle de Tif dans la version originale. Par la suite, les chansons parviennent à se fondre dans le côté débridée du scénario, qui ne se prend pas toujours au sérieux. Finalement, la disjonction entre la partie visuelle et sonore de En route ! parvient à s'équilibrer sur la durée puis à s'unir harmonieusement, tout comme l'est au début le parcours chaotique entre Tif et Oh, jusqu'à ce que les deux personnages finissent par se lier d'amitié à la fin. Les choix musicaux et vocaux qui paraissent incongrus au début réussissent donc par se justifier sur la durée. C'est une idée ingénieuse en soit et cela m'a même surpris. On retrouve également ce mélange hétérogène sur le reste de la bande originale du film, qui comprend bruitages synthétiques, symphonies acoustiques et style R'N'B ! Quand je disais que c'était des plus incongrus !!
En route ! a cela d'intéressant d'être un film qui retranscrit la palette des émotions humaines à travers les yeux d'un Boov qui ne les comprend pas. C'est d'ailleurs troublant de savoir que cette thématique a été proposée, sous quatre variantes différentes, dans quatre films d'animation tout récemment : Les nouveaux héros des Walt Disney Animation Studios qui évoquait le thème de la reconstruction affective, Souvenirs de Marnie du studio Ghibli où une jeune fille solitaire refoulait ses émotions, Vice-versa de Pixar où à nouveau une jeune fille était au bord de la dépression et ce film de Dreamworks, où là encore, c'est une jeune fille abandonnée qui tente de faire comprendre le sens de ses émotions à un alien... qui change de couleur en fonction de son humeur ! On finit donc par se laisser attendrir par cette aventure originale, inspirée de The True Meaning of Smekday d'Adam Rex, qui, malgré ses défauts d'enrobage, réussit à transmettre ses sentiments au spectateur. En route ! a été une agréable découverte et une bonne surprise pour moi.
Olivier J.H. Kosinski - 30 août 2015
La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.
01 septembre 2015
DVD Plus de détails Acheter (Neuf ou Occasion)
28 juillet 2015
DVD Edition Festive Plus de détails Acheter (Neuf ou Occasion)
Doublage (Québec - 2015)
Tif Tucci : Rachel Graton
Oh : Philippe Martin
Capitaine Smek : Guy Nadon
Kyle : Hugolin Chevrette
Lucy Tucci : Pascale Montreuil
Doublage (France - 2015)
Tif Tucci : Leïla Bekhti
Oh : Alex Lutz
Capitaine Smek : Jacques Frantz
Kyle : Guy Lecluyse
Lucy Tucci : Ethel Houbiers
Sources :
Doublage au Québec
Carton Générique