Polly et l'épouvantail est actuellement l'unique film d'animation réalisé par Richard Rich indisponible à la vente en France. Il n'a jamais eu non plus l'honneur de sortir au cinéma. Sa possible première diffusion télévisée, que j'ai pu référencer à ce jour, s'est produite le 8 septembre 2006 sur Gulli, quasiment un an après le lancement de la chaine. Depuis, le film a plus ou moins disparu des grilles des programmes, il s'avère donc extrêmement difficile à dénicher en version française. A ce titre, j'ignore si le film bénéficie d'un doublage uniquement français, uniquement québécois ou bien les deux.
N.B. : N'ayant pas pu découvrir la version francophone, car elle est indisponible dans le commerce, l'analyse de ce film a été réalisée à partir de la version originale du long métrage.
Amoureux de Polly, une belle et jeune orpheline, un épouvantail demande à la Fée Blanche de le transformer en humain. La bonne fée s'exécute et l'épouvantail est très heureux de devenir un homme qui pourra gagner le coeur de sa belle. Malheureusement, un méchant comte vient contrecarrer ses plans en jetant un mauvais sort à Polly. L'épouvantail est bien décidé à combattre la malédiction et à prouver qu'il a un coeur de héros. Le sort veut qu'il garde une forme humaine tant qu'il porte une plume. Muni de ce précieux objet et d'une baguette enchantée, il se lance dans une série d'aventures qui vont le mettre en danger, mais aussi lui permettre de faire de belles rencontres...
Il était une fois une jeune orpheline, ayant elle-même la charge de trois plus jeunes orphelins, qui décide d'économiser de l'argent afin d'offrir à tous les quatre une vie meilleure. Pour cela, Polly cache ses économies dans un jardin éloigné au pied d'un épouvantail. Ce qu'elle ignore, c'est que cet épouvantail a été doté d'une âme par une sorcière un peu excentrique. Sur les conseils de la sorcière, l'épouvantail feint continuellement d'être inanimé afin de ne pas effrayer les villageois, mais il ne peut se lasser des conversations à sens unique que Polly a avec lui. Il finit peu à peu par tomber amoureux de la jeune fille. Quand il apprend que la ravissante Polly est convoitée par l'odieux Comte Grisham, qui n'hésite d'ailleurs pas à voler les économies de Polly, il est obligé de s'interposer et de dévoiler son existence. Il demande le secours de la sorcière, qui lui offre une plume magique capable de le transformer en humain. Mais le sortilège est temporaire, il doit donc réussir à sauver sa bienaimée tout en sachant qu'il ne pourra jamais vivre avec elle. Pour cela, le seul moyen d'y parvenir est... de danser !
C'est ainsi que débute l'intrigue de Polly et l'épouvantail, cinquième long métrage d'animation réalisé par l'ancien membre des studios Disney Richard Rich. Une intrigue globalement tirée par les cheveux qui explique probablement pourquoi le long métrage n'a pas traversé les frontières françaises puisqu'il ne fut jamais proposé au cinéma, ni même commercialisé en vidéo, aujourd'hui encore. Pour autant, et contre toute attente, Polly et l'épouvantail se révèle plus agréable à suivre que son insipide prédécesseur, Le Roi et moi sorti deux ans plus tôt, ceci en raison d'un visible effort sur la qualité effectuée sur le long métrage. L'univers visuel de Polly et l'épouvantail, tout comme l'aspect sonore, sont en effet beaucoup plus soignés qu'on ne le pense au premier abord. Attention cependant à ne pas trop mal interpréter mes propos. Ne vous attendez pas à un miracle, on reste ici un cran en dessous de Le cygne et la Princesse qui reste, et restera sans doute toujours, la seule référence potable du catalogue 2D de Richard Rich. Malgré tout, je reconnais que les personnages s'avèrent finalement sympathiques dans l'ensemble, ce qui relève un peu le niveau.
Qu'est-ce qui me permet d'affirmer que Polly et l'épouvantail est meilleur que Le Roi et moi ? En premier lieu son aspect visuel. Les arrières-plans sont cette fois beaucoup plus détaillés et, surtout, ils sont parfois animés (alors que les arrières plans fixes sont une constante pour Richard Rich). Mieux, ils bénéficient même d'un léger effet de profondeur auquel je ne m'attendais pas. La palette de couleurs, plus réaliste et moins flashy que pour Le Roi et moi, s'accorde également bien mieux avec ce récit fantastique. Concernant l'animation des personnages, elle alterne entre le moyen et le bon, mais cela ne tombe jamais dans l'absurde. Ce qui s'avère être une très agréable surprise tant je m'attendais à pire ! En second lieu à présent, la bande originale de Polly et l'épouvantail, composé par David Kates, fourmille d'excellentes chansons. Pas une seule d'entre elles n'accuse la moindre fausse note ! Chaque chanson se révèle en adéquation avec les propos tenus par les personnages, tandis que la plupart des paroles collent parfaitement avec les thématiques de chacune des scènes où elles apparaissent. On est donc ici assez proche des thèmes rencontrés dans les comédies musicales de Broadway.
Même si je reconnais avoir été agréablement surpris par Polly et l'épouvantail (je m'en étonne encore moi-même), le long métrage n'est pourtant pas exempt de reproches. La première d'entre elles est son curieux mimétisme avec des intrigues déjà vues ailleurs. Il en résulte une sorte de bricolage narratif moyennement réussi, dont Polly et l'épouvantail ne prend jamais la peine de réinterpréter, ni se réapproprier. Ainsi, Polly nous évoque Belle de Disney. D'un côté elle porte des habits globalement similaires, quoique un peu plus défraîchis. De l'autre, elle va même jusqu'à pousser une chansonnette avec les villageois précisant à quel point elle est différente d'eux ! L'épouvantail est aidé par une vieille sorcière qui le transforme en être vivant, comme le fait la Fée Bleu de Pinocchio, tandis que le sortilège lancée dépend d'une notion de sacrifice un peu comme dans Hercule, avec une touche d'amour impossible à cause de conditions différentes des protagonistes comme dans Aladdin. Plus étonnant, le Comte Grisham rappelle furieusement l'odieux magicien Sarousch, bien que sa première apparition n'a lieu que deux ans plus tard chez Disney (à croire que l'inspiration du personnage est la même pour les deux !). Et n'oublions pas le balai magique, tout droit échappé de Fantasia, dont les penchants amoureux sont calqués sur ceux de Lumière...
Polly et l'épouvantail n'atteint jamais de réelle intensité narrative car le but des personnages est somme toute assez puéril, ceci bien que le film s'inspire d'un court récit intitulé "Feathertop" et écrit par Nathaniel Hawthorne en 1852. Il ne faut donc jamais perdre de vue que le long métrage s'adresse avant tout à un très jeune public. Paradoxalement, Polly et l'épouvantail réussit là où on ne s'y attend pas, principalement du côté de ses énergiques chansons. Bien que celles-ci soient mises en scène de façon parfois laborieuse, leur rythme entraînant, tout comme leur contenu, permettent de les garder longtemps en tête une fois le film terminé. Bref, à défaut d'être un film formidable, Polly et l'épouvantail reste un film plutôt sympathique. Un véritable exploit dans le catalogue douteux des films réalisés par Richard Rich !
Olivier J.H. Kosinski - 14 octobre 2016
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Doublage (France ? - 2006 ?)
Exploité uniquement sur Gulli
Comédiens inconnus
Sources :
Bilan annuel Gulli 2006