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A Don Bluth Film
Les aventures de Youbi le pingouin

Le caillou et le pingouin / Youbi, le petit pingouin

Le caillou et le pingouin, ultime long métrage réalisé par le studio fondé par Don Bluth, sort en salle au Québec le 11 avril 1995 accompagné d'un doublage francophone. Le film n'a cependant jamais eu l'honneur d'une diffusion en salle en France où il est exclusivement vendu en VHS sous le titre de Les aventures de Youbi le pingouin à partir de 1996 et reprenant le doublage canadien. Contrairement à une rumeur répandue sur l'ensemble des sites francophones, le titre original français du film a toujours été Les aventures de Youbi le pingouin. C'est à partir de 2001, et au tout début d'Internet donc, que La Cinquième (ex-France 5) rebaptisa accidentellement le film à Noël 2001 en Youbi, le petit pingouin (source CSA). Ce "second" titre français est donc depuis passé dans la postérité du web francophone, alors que vous ne le trouverez jamais sous cette appellation dans le commerce.

Le saviez-vous ? Suite à une mauvaise traduction de l'anglais du mot "penguin", il existe aujourd'hui une importante incohérence, malheureusement passé dans le langage courant, avec le mot pingouin. Le mot anglais ne fait en effet aucune distinction entre les deux espèces qui existent, alors qu'en français, un pingouin ne vit que dans l'hémisphère nord, celui-ci est d'ailleurs capable de voler. Tout le contraire des manchots qui sont originaires de l'hémisphère sud et n'utilisent leurs ailes que pour nager.

L'intrigue

En Antarctique, chaque manchot doit offrir à sa dulcinée, le jour de la "fête de l'amour", le plus joli caillou possible. Si celle-ci accepte le présent, les deux amoureux pourront vivre ensemble, heureux. Youbi, un timide au grand coeur, a découvert une très jolie pierre précieuse verte qu'il pense offrir à celle qu'il aime, Marina. Malheureusement, le méchant Drake, costaud et violent, est lui aussi amoureux de la belle. Il décide de l'enlever et d'envoyer Youbi loin de l'Antartique.

Analyse de l'oeuvre

Voici venir le temps du changement, une ère commencée par des fracas médiatiques se termine par l'agonie d'un studio oublié de tous. Cette fois, une chose est certaine, Sullivan Bluth Studios est désormais en phase terminale de sa longue maladie incurable. Don Bluth et Gary Goldman sont même désavoués par Warner en raison de la contre-performance de Poucelina face à Disney (qui triomphe avec Le roi lion la même année). Tout comme pour Le lutin magique, où Warner ne prend d'ailleurs pas la peine de faire la moindre promotion pour le film, conduisant au plus mémorable plantage cinématographique d'un film d'animation américain. Imaginez un peu, pour sa sortie en salle, Le lutin magique ne fut remboursé qu'à hauteur de 0,3% de son budget initial ! Un véritable désastre !! Pourtant, au début des années 1990, le duo avait encore un dernier atout dans leur manche. Un film qui mettrait à l'honneur des manchots (non, ce ne sont pas des pingouins ! C'est un abus de langage) dont le projet avait été initié en même temps que les deux autres. Mais le studio de Don Bluth est au bord du gouffre à cette époque, rudement mis à terre par l'absence de profit réalisé par ses derniers films. Si bien que, lâché par Warner, le plus grand studio d'animation d'Europe à sa glorieuse époque, se retrouve à nouveau dans le giron de MGM qui ne lui accorde plus le moindre crédit.

Alors que la création de leur nouveau film est déjà largement engagé, un désaccord artistique intervient entre la MGM d'un côté, Don Bluth et Gary Goldman de l'autre. La MGM désapprouve le contenu de ce nouveau film, elle met au rebut des scènes entières pourtant déjà entièrement animées, remanie profondément le scénario et procède à de nouveaux enregistrements de dialogues. Cette fois, la coupe est pleine, en janvier 1994, le dialogue entre les deux parties est complètement rompu. Le studio est donc euthanasié par ses deux propres membres fondateurs qui préfèrent quitter le navire avant que celui-ci ne sombre. L'occasion est trop belle de répondre à l'appel américain de William Mechanic afin de fonder Fox Animation Studios où va naître leur plus célèbre héroïne Anastasia. La MGM se retrouve alors avec un long métrage inachevée, qu'elle va quand même essayer de mener à son terme, confiant la réalisation à Russell Boland et James Butterworth, et la bande originale à Barry Manilow. Les derniers membres restant de Sullivan Bluth Studios, rebaptisé Don Bluth Entertainment pour cette dernière et unique occasion, doivent désormais travailler avec un studio britannique (Bryan Stevens Animated Films), un studio espagnol (Moro Studios) et deux studios hongrois (Eurostudio No1 et Reflext KFT) afin de combler rapidement les séquences manquantes et ainsi boucler la réalisation du film. Sans doute que les derniers membres du studios de Don Bluth le savaient déjà par avance, mais Les aventures de Youbi le pingouin devint leur ultime long métrage, puisque le studio a mis définitivement la clé sous la porte après sa sortie en salle.

De fait, Les aventures de Youbi le pingouin est à considérer aujourd'hui comme un dernier témoignage d'un duo de réalisateurs qui n'auront finalement marqué les esprits que par deux uniques longs métrages jusqu'à lui (Fievel et le nouveau monde et Le petit dinosaure et la vallée des merveilles). Ces deux longs métrages ont eu la chance immense de sortir durant le passage à vide du studio Disney qui leur avait donc laissé le champ libre. Les années 1990 ont ensuite été rudes pour Don Bluth, entre Charlie, mon héros intéressant mais aux chansons horripilantes, Rock-O-Rico plus que discutable, l'oeuvre de commande Poucelina complètement ratée et surtout l'effroyable Le lutin magique que rien ne pouvait sauver du désastre. Les aventures de Youbi le pingouin quand à lui est une oeuvre brouillonne, qui cumule malgré elle plusieurs tares. Don Bluth et Gary Goldman ayant abandonné le film en cours de route, le long métrage alterne donc des passages qui étaient sous leur responsabilité et des nouvelles séquences sous la responsabilité de plusieurs studios qui tentent de connecter l'ensemble. Le film combine donc deux types d'animation : une très soignée et riche en terme de décors où la touche Bluth est parfaitement reconnaissable, et une autre totalement dépouillée, bourrée de fautes d'inattention, avec des décors désespérément vides franchement indignes du label qualité habituel du studio. L'ensemble est également saupoudré de quelques effets spéciaux numériques et animation assistée par ordinateur, qui ne jurent cependant pas avec le reste.

Les aventures de Youbi le pingouin a énormément de mal à remplir son scénario, qui ne semble être resté qu'à l'état de vague idée sans consistance. Hormis le pitch du départ, à savoir que Youbi veut offrir son caillou à Marina et lui déclarer sa flamme, tout le reste du film n'est qu'une longue succession de contretemps illogiques. Il n'y a ainsi aucun réel enjeu dans le long métrage qui se résume à : Marina, Marina, chanson, mon caillou, mon caillou, chanson, Marina, chanson, mon caillou, Marina, chanson... Vous trouvez cela pénible ? Pourtant, je viens de vous résumer, à deux trois marina-mon-caillou-chanson près, l'intégralité de l'intrigue ! On retrouve également ce côté désordonné sur l'ensemble des numéros musicaux de Les aventures de Youbi le pingouin. Le plus invraisemblable résultant du contraste qui existe entre l'excellence de la majorité des chansons (« Maintenant, pour toujours », « J'aimerai savoir », « Bienvenue à bord du Misery », « On fait la paire » - dont le style évoque fortement « Les éphélants et les nouïfes » de Les aventures de Winnie l'ourson -) et leur totale inutilité dans le film ! Mention spéciale à « Bienvenue à bord du Misery » où les prisonniers chantent leur désespoir d'être capturés... tout en louant les hommes de les revendre à des zoos !! Alors certes, il y a bien quelques scènes légèrement effrayantes comme l'attaque des orques, vraisemblablement animée durant la période où Bluth et Goldman s'occupaient encore du film puisqu'elle rappelle fortement la scène de Monstro la baleine dans Pinocchio, ou encore la course poursuite avec le léopard de mer, répétée deux fois au début et à la fin du film (prouvant qu'à l'origine ces deux scènes ne devaient sans aucun doute n'en former qu'une seule), mais elles sont tellement noyées par l'ensemble qu'on ne leur prête pas vraiment attention.

Tout comme Le lutin magique avant lui, Les aventures de Youbi le pingouin va donc à son tour subir les foudres des critiques et les réprobations du public qui ne l'accueilla pas franchement à bras ouverts en salle. Si les pertes furent moins importante que pour son prédécesseur, 4 millions de dollars sur les 28 millions engloutis par sa conception, le long métrage a tout de même réussit à se refaire une santé financière depuis sa sortie vidéo. Pas assez cependant pour que le film soit distribué en salle en France, où le long métrage ne fut exploité tardivement qu'à partir de 1996 et sans le moindre doublage français. Le film conserva en effet le doublage québécois pour son exploitation en VHS dans l'hexagone. Depuis, Les aventures de Youbi le pingouin ne refit jamais surface à la vente, exception faite d'une diffusion sur La Cinquième en 2001 où le film fut rebaptisé Youbi, le petit pingouin à cette unique et exclusive occasion. Pour les amateurs, il vous faut donc vous tourner vers les éditions Nord Américaines pour le trouver en DVD et Blu-ray, dans une édition restaurée sous la supervision de Gary Goldman qui a le mérite d'atténuer la plupart des défauts majeurs de la version originale distribuée par MGM.

Olivier J.H. Kosinski - 03 avril 2015

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27 mai 2007
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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 1994)

Hubie : Sébastien Dhavernas
(prononcé Youbi)

Rocko : Guy Nadon

Drake : Benoit Rousseau

Marina : Aline Pinsonneault

Priscilla : Lisette Dufour

Beany : Johanne Garneau

Choeurs :

- Violette Chauveau

-Stéphanie Martin

-José Paradis

-Alain Zouvi

Sources :
Doublage au Québec

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