Katak, le brave béluga est le cinquième film d'animation produit par le studio 100% québécois 10th Ave Productions. Il est d'abord proposé, simultanément en version anglaise et française sur l'ensemble du territoire canadien, le 24 février 2023 où il connait un important succès dans la communauté québécoise. La sortie française est retardée de plusieurs mois, et se fait nettement plus discrète, le 23 octobre 2023 distribué par Eurozoom. Bien que cette sortie soit moins visible qu'au Canada, le long métrage est souvent proposé dans le cadre de programmations cinémas pour enfants tout au long de l'année 2024. Le doublage original québécois est proposé sur tous les territoires francophones.
Alors que tous ses amis du même âge ont déjà adoptés leurs couleurs blanches de jeune adulte, le jeune béluga Katak est encore resté gris et chétif. Pour prouver à tous qu'il est aussi mature qu'eux, il décide d'entreprendre un périlleux voyage vers la Grande Banquise afin d'exaucer le dernier souhait de sa grand-mère souffrante qui espère encore revoir un jour son premier amour du grand nord...
Même si l'âme du site a toujours été tournée en majorité vers les films d'animation Disney, je pense que vous appréciez de me voir aller farfouiller dans l'univers de studios beaucoup moins connus ou qui n'intéressent pas grand monde. Ma route a croisé celle de 10th ave Productions un peu par hasard, principalement parce que je suis amateur de doublages francophones. Je crois bien que sans ça, je n'aurais jamais entendu parler de ce studio 100% québécois. Parce qu'en France, hormis pour leur tout premier film La légende de Sarila en 2013 qui a connu une petite promotion dans l'hexagone, tous les autres films qui l'ont suivi ont été distribués plutôt en catimini. Pourtant, 10th ave Productions arrive assez bien à s'imposer à l'international mais curieusement pas en France. Il faut dire que l'ambition première de ce studio canadien n'est pas forcément la même que certains gros studios qui veulent rassembler toute la famille. Les productions 10th ave Productions ciblent vraiment le jeune public, avec des histoires pas forcément très profondes, mais qui restent appréciables même pour les parents accompagnants. A cela s'ajoute, malgré notre langue commune, que nous ne partageons pas forcément les mêmes stars d'un côté et de l'autre de l'Atlantique. Si l'on peut facilement faire une promotion autour de Céline Dion, Richard Darbois, Coeur de Pirate, Xavier Dolan, Isabelle Boulay ou encore Anthony Kavanagh, il est plus délicat d'assurer une grande promotion d'un film d'animation tourné en français, qu'il serait absurde de redoubler en France, avec une panoplie d'acteurs inconnus ici. Alors, souvent, les films de 10th ave Productions se retrouvent cantonnés dans des festivals ou, pire, directement en vidéo.
Après sa présentation au festival d'Annecy, Katak, le brave béluga, cinquième long métrage animé par 10th ave Productions, fait ainsi une grande tournée française souvent dans le cadre de programmations pour enfants, comme le festival des p'tits écolos de Dinan, le Festival du film d’animation pour enfants de Courthézon en début d'année ou même tout récemment, le 04 octobre, au festival en plein air La Première séance à Nouméa. Si la plupart des jeunes spectateurs ont finalement été plutôt conquis, Katak, le brave béluga est malgré tout resté assez discret en France, avec une promotion presque inexistante. D'ailleurs, je n'ai pu le trouver qu'en prospectant de temps en temps sur les plateformes de vidéo à la demande. Il faut dire que la distribution de Katak, le brave béluga est finalement assez limitée. Même s'il a eu droit à une sortie en salle en France, il n'existe pour l'instant toujours aucune édition commerciale. De plus, il semble être aussi exclusif à Prime Vidéo et iTunes mais noyé sous la masse de leurs contenus respectifs. Bref, à moins de vouloir spécifiquement le chercher, il est assez difficile de le trouver.
Katak, le brave béluga s'apparente principalement à un petit conte initiatique, avec une touche écologique, qui fait la part belle à la province Québécoise. L'intrigue démarre ainsi dans le véritable fleuve Saint-Laurent où la circulation maritime de gros navires, que ce soit pour le transport de marchandises ou de tourisme, y est très importante. Pour coller un peu plus à la réalité, le long métrage évoque une zone protégée qui existe bel et bien. En effet, bien que la pratique existait déjà un peu anarchiquement auparavant, en 1860, le Canada va imposer une loi à tout gros navire étranger qui vont désormais devoir recourir à des pilotes maritimes certifiés afin de suivre une route préétablie qui permet de préserver les écosystèmes de faune et de flore du fleuve. Cette loi est toujours en vigueur de nos jours. C'est près de la ville de Tadoussac, où se situe cette zone maritime protégée, que vivent Katak et sa famille. Par la suite, pour suivre les traces de son grand-père disparu, Katak va progressivement remonter vers le nord, en suivant les côtes de la province de Terre-Neuve-et-Labrador pour rejoindre la zone plus froide de l'arctique. En chemin, il va croiser la route d'une faune endémique de la région, comme le béluga bien sûr, mais aussi l'ours blanc, l'esturgeon, la morue, le phoque, sans oublier la redoutable orque.
Si l'aventure semble plutôt bonne dans l'ensemble, je dois quand même admettre que Katak, le brave béluga est, à mon sens, l'oeuvre la plus faible produite par 10th ave Productions. Je ne saurais l'expliquer avec des termes appropriés, car je n'arrive pas à trouver la bonne formulation, mais je dirais surtout que le problème du film relève de la physique et de la crédibilité. A toute comparaison fortement hasardeuse, lorsque l'on voit Ariel nager au fond de l'océan ou bien Dory qui perd soudain la mémoire, l'environnement du film semble extrêmement crédible. Il y a une très forte dissonance dans le rendu visuel de Katak, le brave béluga qui rend le film étrangement bizarre. Tous les personnages semblent se mouvoir sans aucune crédibilité car l'élément liquide semble intangible. On se retrouve parfois dans des situations où les personnes semblent "flotter dans l'air" mais jamais vraiment interagir avec les éléments alentour. C'est difficile à retranscrire par écrit. La mise en scène n'aide d'ailleurs pas plus, car elle est trop souvent mollassonne. Mais peut-être suis-je bien trop habitué à des films d'animation qui veulent immerger leurs spectateurs dans un univers crédible, car si je m'en tiens aux avis des spectateurs, nombreux sont les enfants à être captivés par le film. J'ai sans doute perdu cette âme enfantine pour réussir à m'y retrouver là-dedans.
L'autre défaut du film réside dans son écriture. On y trouve quelques bonnes idées parfois, mais on ne peut échapper à ce sentiment de manque flagrant d'originalité. Par exemple, Katak est un jeune béluga qui n'a pas encore perdu sa couleur blanche, une facilité narrative repiquée à Happy Feet et qui permet de justifier l'appel vers l'aventure (je suis différent donc je vais prouver à tous que ce n'est pas le cas). Boussole et Compas, les deux bernaches du Canada inséparables, font constamment penser à Amélie et Amélia Jacasse. On s'attend à tout moment à les voir se mettre à dandiner. La morue au cerveau un peu détraqué semble être la version nordique de Dory, avec une pincée de Gollum pour son dédoublement de personnalité. Jack-Knife, apparemment inspiré d'un véritable épaulard connu dans la région, ressemble un peu trop à Mordicus. Ailleurs, une séquence lumineuse rappelle furieusement Le voyage d'Arlo. Cyrano semble jouer la bonne conscience, un peu comme Jiminy Criquet, qui ne se fait pas plus entendre par Katak que l'autre par Pinocchio. Au-delà de ce constat, tous les personnages sont des clichés ambulants : la mère possessive, la fille anticonformiste, la grand-mère espiègle, le garçon pas fréquentable, le parent désabusé… Bref, l'expérience s'avère particulièrement pesante et peu passionnante. Car, en y réfléchissant bien, le scénario n'a pas vraiment de morale à l'arrivée ni de ligne narrative claire, si ce n'est "je dois retrouver grand-père". Les quatre précédents films de 10th ave Productions étaient meilleurs là-dessus.
Au final, je dois faire le constat que Katak, le brave béluga ne s'adresse définitivement pas à moi, ni à la plupart des adultes qui voudraient y trouver quelque chose de plus consistant. Le long métrage s'apparente plus à une expérience sensorielle à la seule destination des jeunes enfants, avec très peu de scènes vraiment effrayantes. Même le grand méchant du film, qui joue souvent les gros durs, est souvent réduit à un benêt tout juste entêté, ce qui sape son apparente cruauté. Quant au final du film, il n'apporte pas plus de sentiment de conclusion, puisque tout ce petit monde termine à la case départ où les problèmes écologiques évoqués en introduction vont, à terme, causer des problèmes aux bélugas. S'en est presque un contresens par rapport à l'intention de départ qui était de trouver une terre d'accueil plus propice et moins polluée pour la reproduction des bélugas. Ou alors, n'étant pas québécois, je n'ai juste rien compris au film par manque de repères.
Olivier J.H. Kosinski - 11 octobre 2024
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Doublage (Québec - 2023)
Katak : Alexandre Bacon
Cyrano : Yves Jacques
Jack-Lyn : Émilie Josset
Mamie : Ginette Reno
Jack-Knife : Mario Saint-Amand
Lulu : Ludivine Reding
Sim : Carolanne Foucher
Boussole : Carolanne Foucher
Compas : Carolanne Foucher
Albi : Jérémie Desbiens
Scoop : Martin Drainville
Paparazzi : Benoît Brière
Marine : Guylaine Tremblay
Perlette : Marie-Thérèse Fortin
Macareux : Marie-Thérèse Fortin
Phoque 1 : Benoît Brière
Phoque 2 : Martin Drainville
Estelle : Justine Major
Naïa : Justine Major
Les morues : Justine Major
Macadoune : Justine Major
Bosco : Jeff Boudreault
Vieux-Nic : Jacques Leblanc
Kami : Renaud Lacelle-Bourdon
Femelle béluga adulte : Nancy Bernier
Veau béluga : Nancy Bernier
Katak-le-Vieux : Maxime Le Flaguais
Autres voix : Johanne Léveillé
Sources :
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