C'est le 24 novembre 1993 qu'Aladdin arrive sur les écrans français et va rester de longues semaines à l'affiche. Réalisé par la même équipe que La petite sirène et une partie de celle de La belle et la bête, le film fut un succès dès sa sortie. Au Québec, il est sorti un an plus tôt, en version québécoise évidemment, en novembre 1992. Le film possède deux doublages québécois : le premier fut exploité en salle, puis une ligne de dialogue de la chanson d'ouverture fut censurée et réécrite par la suite.
Elevé dans la rue, un jeune garçon, Aladdin, vit de chapardages aidé de son singe Abu. Sa vie est transformée quand il rencontre la princesse Jasmine, dont il tombe amoureux. Le terrible visir Jafar, aidé de son perroquet Iago, a aussi des vues sur la princesse. Aladdin va se retrouver en possession d'une lampe magique. En la frottant, il fait apparaître un génie absolument étonnant, qui peut exaucer trois voeux. Pour réussir à conquir le coeur de Jasmine, il demande l'aide au génie. Mais Jafar tente de s'emparer de la lampe pour prendre le pouvoir. Aidé de Jasmine, Aladdin tente alors de déjouer ses plans machiavéliques.
Je n'ai jamais eu l'occasion de découvrir Aladdin dans une salle de cinéma, je n'étais à ce moment là pas encore remis de la déferlante La belle et la bête dont la sortie vidéo coïncidait avec la projection en salle du nouveau film d'animation de Disney. Je ne l'ai découvert que bien plus tardivement directement en vidéo et c'est bien dommage tant le dépaysement est garanti avec ce film !
Aladdin c'est le premier (et unique) long métrage des Walt Disney Animation Studios qui se déroule au Moyen Orient, le pays des célèbres et inoubliables contes des mille et une nuits. Rien qu'à l'annonce de ce nom, des milliers d'images se bousculent dans notre esprit, et pourtant ces derniers sont originaires d'Inde et non d'Arabie. Si l'on connait de nos jours plus ou moins les origines de ces contes, elles se mêlent surtout aux légendes indiennes et non arabes. Les contes des mille et une nuits racontent l'histoire de Shahrâzâd (plus connu sous l'appellation Sheherazade en occident) qui, pour échapper à sa mort tragique par décapitation, racontait chaque nuit une histoire à son roi, et omettait toujours d'en indiquer la fin au lever du jour. Voulant absolument connaître la suite des merveilleuses histoires de sa jeune épouse, le roi repoussa chaque jour l'échéance de sa mort. C'est finalement au bout de mille et une nuits que les talents de conteuses de Shahrâzâd parviennent à lui sauver la vie.
L'histoire d'Aladin (avec un seul d dans la langue de Molière) est directement puisée de ce recueil d'histoires mondialement connu, bien qu'il n'en a jamais fait parti à l'origine. Il est en effet plutôt tiré de légendes perses et arabes, et fut probablement rajouté aux contes des mille et une nuits dans les traductions européennes de l'histoire au XVIIIe siècle. Et c'est de cette version qu'est tiré le film qui nous intéresse ici : Aladdin.
Si l'on excepte Bernard et Bianca au pays des kangourous qui fait figure d'exception durant les années 90, Aladdin est le troisième gros succès des Walt Disney Animation Studios. Et on comprend pourquoi tant les studios en ont fait un film moderne, énergique et exotique ! Le pari était audacieux de mettre en avant un héros masculin téméraire et intrépide. Il s'agit d'ailleurs du tout premier, Aladdin n'a clairement rien à voir avec Pinocchio, Peter Pan ou Mowgli puisqu'il n'a rien d'un enfant ou d'un adolescent. Le seul personnage qui pourrait se rapprocher de lui pourrait être Robin des bois. Dans le film, Aladdin est avant tout un garçon de rue, qui a toujours vécu seul avec pour seule compagnie un malicieux singe nommé Abu. D'où lui est venu sa compassion ou son audace ? Personne ne le sait, mais Aladdin attire immédiatement la sympathie du public.
Il n'en fallait pas plus à l'équipe Disney pour concevoir un personnage féminin à sa mesure : l'inoubliable et ravissante Jasmine. Tout aussi audacieuse qu'Aladdin, Jasmine est la jeune fille moderne qui refuse de se laisser enfermer dans des obligations qu'elle n'accepte pas. Ne voulant cependant pas trahir l'amour de son père (dont on ne connait dans le film pas du tout le nom !), elle tente un jour de fuir le palais. Elle ne comprend que tardivement toute la portée de ce geste qui va condamner, malgré elle, le jeune homme qui lui sauve la vie au marché.
Mais elle ignore évidemment qu'elle a été manipulée par l'ignoble Jafar. L'un des plus grands méchants jamais sortit de l'imagination des studios Disney. Aussi malfaisant que McLeach, aussi manipulateur que Mme de Trémaine, résolument plus diabolique que Maléfique, Jafar est un épouvantable Vizir. Désireux de prendre la place du Sultan, il usera de tous les stratagèmes pour arriver à assouvir ses plus noirs désirs. Aidé dans ses plans par l'irrésistible Iago, les deux compères assurent des sueurs froides à tous les spectateurs.
Une fois les portraits dressés, la tragédie peut commencer ! Et si on ne savait pas qu'Aladdin est un film Disney, on serait effrayé à se demander ce qui va arriver à la fin. Évidemment, ce n'est pas le cas et on se doute que celle-ci sera heureuse. Mais on est scotché à l'écran pour savoir comment nous arriverons au dénouement. Et il faut dire que les artistes de Disney se sont surpassés : rebondissement en pagaille, action à gogo, tendresse et par dessus tout un élément clef incontournable de l'oeuvre : le Génie !
A l'origine simple rôle secondaire, le Génie crève littéralement l'écran. Interprété par un désopilant Robin Williams, il s'agissait d'une première dans l'histoire des films d'animation de Walt Disney de faire appel à un comédien célèbre pour jouer un rôle dans un de leurs films d'animations. Ce qui est devenu aujourd'hui une généralité était tout nouveau en 1992. On se souviendra par exemple des inoubliables comédiens qui suivront à l'image de Whoopie Goldberg dans Le roi lion, Mel Gibson dans Pocahontas, une légende indienne ou Demi Moore dans Le bossu de Notre-Dame. Complément investi par le Génie, Robin Williams a assuré des heures d'improvisations en tout genre, ce qui émerveilla tant les auteurs du Génie d'Aladdin que la plupart de ses plus extravagantes ont été intégrées dans le film. Malheureusement, ne respectant pas sa volonté de n'en utiliser qu'une partie, Robin Williams finit par se brouiller avec la compagnie Disney. Il ne reprendra dès lors plus le rôle dans Le retour de Jafar et la série télévisée. La hache de guerre fut finalement enterrée et Robin Williams reprit le rôle du Génie pour une seconde et ultime fois dans Aladdin et le roi des voleurs.
A la bande originale, on retrouve le regretté parolier Howard Ashman qui s'était déjà surpassé dans La petite sirène et La belle et la bête. Ce fut malheureusement son ultime collaboration avec Disney et c'est finalement Tim Rice qui termina la partition d'Aladdin avec Alan Menken. Si Tim Rice s'illustrera par la suite dans sa somptueuse collaboration avec Le roi lion au côté d'Elton John, Alan Menken ne retrouvera jamais par la suite le même niveau qualitatif dans ses compositions (A la seule exception du récent Raiponce, grâce au talent du parolier Glenn Slater). Il convient donc d'apprécier à sa juste valeur l'énorme travail musical fourni pour Aladdin, avec comme point d'orgue la célèbre chanson d'amour des deux héros et l'entrainante ritournelle du Génie.
Du côté de l'adaptation francophone, Aladdin a connu un doublage québécois et un doublage français. Le premier fut par ailleurs censurée, à l'image de la version originale, car une phrase de la chanson d'ouverture fut jugée inappropriée. La version française fut elle épargnée car les textes s'éloignent parfois énormément des paroles d'origine. Le public français se remémore d'ailleurs l'inoubliable chanson « Ce rêve bleu », mais combien savent qu'en réalité Aladdin et Jasmine rêve à un « Nouveau monde » ? Sans doute pas grand monde.
L'animation d'Aladdin est clairement à un tournant. On oublie immédiatement les approximations de La petite sirène ou le manque d'homogénéité des visages de La belle et la bête. Les traits s'affinent, deviennent plus réalistes et clairement plus adultes. L'équipe Disney se permet aussi d'innover une fois encore sur le plan technique en intégrant à leur film un personnage presqu'entièrement numérique : le Tapis volant ! D'un extraordinaire réalisme aujourd'hui encore, le Tapis est l'une des premières heureuses combinaisons d'une animation 2D cominée à un motif en 3D d'un film Disney, le Tapis n'a pas pris la moindre ride. Ce qui n'est par contre pas le cas de la dantesque course poursuite pour sortir de la Caverne aux Merveilles (dont l'entrée est elle-même en 3D) qui a pris un méchant coup de vieux.
Si Aladdin fut à sa sortie un succès planétaire (il resta de longues semaines en salle en France notamment), Disney l'a très récemment relégué au titre de film mineur sans grande envergure. Les ventes jugées dérisoires du DVD collector paru en 2004 ont véritablement conduit l'empire Disney à commettre une hérésie ! Le film est clairement un grand moment de cinéma, inoubliable par ses personnages, aux qualités artistiques et narratives indéniables et à la partition musicale inoubliable. Aladdin se doit de retrouver son statut de chef d'oeuvre culte du studio alors en pleine conquête du box office mondial dans les années 90. Son déclassement des films sous moratoire n'a au final qu'un unique et heureux avantage : il est désormais disponible continuellement à la vente. A n'en pas douter, ne vous en privez surtout pas !
Olivier J.H. Kosinski - 30 juillet 2011
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Doublage (Québec - 1992)
Aladdin : Joël Legendre
Jasmine : Geneviève de Rocray (Dialogues)
Jasmine : Martine Chevrier (Chant)
Le Génie : Mario Desmarais (Dialogues)
Le Génie : Vincent Potel (Chant)
Jafar : Éric Gaudry (Dialogues)
Jafar : Philippe Leduc (Chant)
Iago : Marc Bellier
Le Sultan : Yves Massicotte
Razoul : Jean Galtier
Prince Achmed : Jacques Lavallée
Narrateur/Marchand : Manuel Tadros
La Caverne des merveilles : Victor Désy
Femme au balcon : Madeleine Arsenault
Gazeem : Patrick Peuvion
Marchand de melons : Ronald France
Femme au marché : Mireille Thibault
Garde 1: Claude Préfontaine
Garde 2: Jean-Marie Moncelet
Garde 3: Jean Fontaine
Vendeur du marché : Benoît Rousseau
Voix additionnelles :
- Daniel Scott
- Philippe Leduc
- Patrick Sénécal
- Richard Groulx
- Daniel Lebel
- Patsy Gallant
- Louise Lemire
- Catherine Léveillé
- Dominique Faure
- Mary Lou Gauthier
- Lina Boudeau
Retouche Doublage (Québec - 2004)
Autocensure
Marchand : Manuel Tadros
Suppression du couplet de la chanson d'introduction :
"On vous coupe les oreilles
si votre air nous revient pas.
C'est barbare, mais on se sent chez soit !"
Remplacé par le second couplet de la version française.
Doublage (France - 1993)
Aladdin : Paolo Domingo
Jasmine : Magali Barney (Dialogues)
Jasmine : Karine Costa (Chant)
le Génie : Richard Darbois
Jafar : Féodor Atkine
Iago : Eric Metayer
Sultan : Teddy Bilis
Colporteur : Bernard Alane
Vendeur de pommes : Mostéfa Stiti
Abu : Frank Welker
Caverne aux merveilles : Michel Elias
Gazeem : Michel Elias
Achmed : Michel Elias
Sources :
Doublage au Québec
Planète Jeunesse